Critique

CINÉMA

Buñuel après l’âge d’or - la critique du film

Le 5 juin 2019

A travers ce dessin animé documentaire, Salvador Simó et Fermin Solis proposent une leçon de vie autant qu’une leçon de cinéma, en inaugurant un sous-genre jusqu’alors peu vu, le making-of d’un film de patrimoine en dessin animé. Passionnant.

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  • Lina-Estelle 28 juin 2019
    Buñuel après l’âge d’or - la critique du film

    Un bonheur sorti de nul part, réalisé par Salvador Simo qui s’est inspiré de la bande dessinée de Fermín Solís : Buñuel y el labirinto de las tortugas (trad : Buñuel dans le labyrinthe des tortues. Ainsi, le film Bunuel : après l’âge d’or s’articule autour du tournage de Terre sans pain, le film documentaire que Luis Buñuel a réalisé en 1932 dans la région la plus pauvre d’Espagne : Las Hurdes. Terre sans pain marque le détachement de Buñuel de « l’orthodoxie » surréaliste (mené par André Breton) et son engagement sur des thématiques plus sociales. Ce film a pu être réalisé grâce au financement “surréaliste” de son ami sculpteur Ramon Acin dont le lien d’amitié inconditionnel basé sur la foi du talent de l’autre est poétiquement mis en scène. Bunuel et Acin sont dans des parcours parallèles qui vont dans des sens opposés. Quand l’un semble échoué et regretté, l’autre se révèle à lui-même et au monde. Quand l’un disparaît, l’autre s’élève par l’atteinte de sa vérité. "Tout prend un sens nouveau", cette réplique du personnage éponyme résume le parcours émotionnel en tant que spectateur, où l’on observe avec compréhension et émotion, la progression de la vision du monde du personnage. Le film imagine les contours du “réel objectif”, i.e. le film documentaire. Le dessin animé s’éloigne donc du registre purement biographique où le documentaire est une source d’inspiration pour construire un personnage de fiction, aux facettes multiples et ambivalentes tantôt prétentieusement capricieux, tantôt sensible à la misère humaine. Terre sans pain expose une réalité poétique, car dramatise le réel miséreux en mettant en scène délibérément des plans cruels. Ses motivations pour l’horreur, Bunuel l’explique en 1953 lors d’une table ronde à l’Université de Mexico, où il décrit le surréalisme comme celui qui "aura détruit la représentation conventionnelle de la nature […] ébranlé l’optimisme bourgeois et obligé le spectateur à douter de la pérennité de l’ordre existant". Le dessin animé dépeint avec simplicité les motivations de Buñuel et les origines de ces plus grandes angoisses et jouissances. Ainsi, plusieurs niveaux de temporalités et d’univers jalonnent l’histoire sans perdre le spectateur. Le niveau le plus manifeste est Bunuel adulte en dessin animé (T=0), les prises de vue réelles du film Terre sans pain (T=0), son enfance en dessin animé (T= -X années), ses rêves/cauchemars en dessin animé (T=0). Les superpositions d’univers et des cadres spatio-temporels sont fondées et emmenées avec délicatesse. Le choix d’un film d’animation est non seulement nécessaire, mais apporte de la poésie et du surréalisme dans l’onirisme. Sans compter sur une plume fine délivrant un humour habile. En somme, Bunuel : après l’âge d’or est une claque émotionnelle avec une notion spéciale pour la bande originale du film composée par Arturo Cardelus apportant sa pièce à l’édifice d’une grande beauté grave.

  • Lina-Estelle 28 juin 2019
    Buñuel après l’âge d’or - la critique du film

    Un bonheur sorti de nul part, réalisé par Salvador Simo qui s’est inspiré de la bande dessinée de Fermín Solís : Buñuel y el labirinto de las tortugas (trad : Buñuel dans le labyrinthe des tortues. Ainsi, le film Bunuel : après l’âge d’or s’articule autour du tournage de Terre sans pain, le film documentaire que Luis Buñuel a réalisé en 1932 dans la région la plus pauvre d’Espagne : Las Hurdes. Terre sans pain marque le détachement de Buñuel de « l’orthodoxie » surréaliste (mené par André Breton) et son engagement sur des thématiques plus sociales. Ce film a pu être réalisé grâce au financement “surréaliste” de son ami sculpteur Ramon Acin dont le lien d’amitié inconditionnel basé sur la foi du talent de l’autre est poétiquement mis en scène. Bunuel et Acin sont dans des parcours parallèles qui vont dans des sens opposés. Quand l’un semble échoué et regretté, l’autre se révèle à lui-même et au monde. Quand l’un disparaît, l’autre s’élève par l’atteinte de sa vérité. "Tout prend un sens nouveau", cette réplique du personnage éponyme résume le parcours émotionnel en tant que spectateur, où l’on observe avec compréhension et émotion, la progression de la vision du monde du personnage. Le film imagine les contours du “réel objectif”, i.e. le film documentaire. Le dessin animé s’éloigne donc du registre purement biographique où le documentaire est une source d’inspiration pour construire un personnage de fiction, aux facettes multiples et ambivalentes tantôt prétentieusement capricieux, tantôt sensible à la misère humaine. Terre sans pain expose une réalité poétique, car dramatise le réel miséreux en mettant en scène délibérément des plans cruels. Ses motivations pour l’horreur, Bunuel l’explique en 1953 lors d’une table ronde à l’Université de Mexico, où il décrit le surréalisme comme celui qui "aura détruit la représentation conventionnelle de la nature […] ébranlé l’optimisme bourgeois et obligé le spectateur à douter de la pérennité de l’ordre existant". Le dessin animé dépeint avec simplicité les motivations de Buñuel et les origines de ces plus grandes angoisses et jouissances. Ainsi, plusieurs niveaux de temporalités et d’univers jalonnent l’histoire sans perdre le spectateur. Le niveau le plus manifeste est Bunuel adulte en dessin animé (T=0), les prises de vue réelles du film Terre sans pain (T=0), son enfance en dessin animé (T= -X années), ses rêves/cauchemars en dessin animé (T=0). Les superpositions d’univers et des cadres spatio-temporels sont fondées et emmenées avec délicatesse. Le choix d’un film d’animation est non seulement nécessaire, mais apporte de la poésie et du surréalisme dans l’onirisme. Sans compter sur une plume fine délivrant un humour habile. En somme, Bunuel : après l’âge d’or est une claque émotionnelle avec une notion spéciale pour la bande originale du film composée par Arturo Cardelus apportant sa pièce à l’édifice d’une grande beauté grave.

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