Gang de requins
Le 10 décembre 2017
Dans la lignée du Poisson nommé Wanda, cette comédie de John Cleese n’a malheureusement pas rencontré le même succès. Sans être un chef d’œuvre, il s’agit pourtant d’un divertissement de qualité, drôle et enlevé. A redécouvrir.


- Réalisateurs : Robert Young - Fred Schepisi
- Acteurs : Kevin Kline, Jamie Lee Curtis, John Cleese, Michael Palin, Carey Lowell
- Titre original : Fierce Creatures
- Genre : Comédie
- Nationalité : Américain, Britannique
- Distributeur : UIP (Universal International Pictures)
- Editeur vidéo : Universal Pictures Video
- Date de sortie : 19 février 1997
- Durée : 1h33mn
- Box-office : 318 610 entrées (France) dont 130 650 (Paris / Périphérie) / 9,3 M$ (USA)
L'argument : Le magnat d’un empire multimédia vient d’acquérir le paisible zoo de Marwood dans l’intention de le renflouer puis de le revendre. Il dépêche sur place son homme de confiance, un certain Rollo Lee, qui dévoile au personnel médusé un audacieux plan de redressement.
Notre avis : Presque dix ans après le triomphe totalement mérité de la comédie culte Un poisson nommé Wanda (1988), le Monty Python John Cleese a repris son stylo pour mettre au point le script de Créatures féroces (1997) afin de célébrer les retrouvailles de toute l’équipe du premier film. L’idée n’est aucunement d’écrire une suite tardive, mais bien d’inventer une toute nouvelle histoire se basant sur des nouveaux personnages, mais tous interprétés par un casting identique. On retrouve également le gimmick des animaux, cette fois-ci poussé à l’extrême puisque l’intégralité du métrage se déroule dans un zoo où nos facétieux amis à poils et à plumes sont la proie d’un requin de la finance. Ce point de départ permet au passage à John Cleese de régler ses comptes avec le capitalisme financier qui ne s’inquiète jamais du sort des individus et ne recherche que le profit immédiat.
Certes, la charge n’est pas toujours légère et Kevin Kline en fait des tonnes en grand patron odieux qui rote et qui pète en jurant contre son incapable de fils (toujours Kevin Kline, cette fois hilarant en imbécile irresponsable). Mais si la charge est un peu lourde, elle a le mérite de l’efficacité comique. Toutefois, ce qui fait tout le sel de cette fausse suite, c’est ce sens inné du quiproquo qui innerve l’ensemble du métrage, provoquant souvent l’hilarité pour peu que l’on apprécie les gags en dessous de la ceinture et les portes qui claquent. Jamais à court de gags, John Cleese s’appuie ici sur le savoir-faire de deux réalisateurs chevronnés. Tout d’abord, le vétéran Robert Young qui a signé de très nombreux longs-métrages depuis son fameux Cirque des vampires de 1972. Ensuite, toute la dernière partie a été retournée par l’Australien Fred Schepisi suite à des projections-tests désastreuses (les vingt dernières minutes tournées initialement n’ont donc jamais été montrées au grand public, il n’en reste qu’un court instant dans la bande-annonce).
Malgré ces péripéties, le métrage ne souffre pas vraiment de ce changement de metteur en scène puisque l’intégralité du film fonctionne grâce à la formidable alchimie comique se dégageant du quatuor de tête. John Cleese et Jamie Lee Curtis font toujours autant d’étincelles lorsqu’ils sont réunis à l’écran, tandis que Kevin Kline livre une prestation remarquable. On adore également Michael Palin dans un rôle radicalement opposé à celui qu’il tenait dans Wanda. Si Créatures féroces n’atteint jamais la puissance comique du Poisson, il n’en demeure pas moins une comédie dynamique qui méritait une meilleure réception que celle de sa sortie initiale. Alors que le Poisson nommé Wanda avait coûté trois fois moins cher, il a rapporté plus de 62 millions de dollars aux States et a cumulé plus de 2 millions d’entrées en France. Pour cette nouvelle aventure, John Cleese a connu un sacré revers avec seulement 9,3 millions de dollars de recettes aux Etats-Unis et une carrière tout aussi décevante en France. Ils n’ont été que 318 610 spectateurs (dont votre serviteur) à faire le déplacement dans les salles obscures de tout l’Hexagone. Une sacrée déconvenue qui a stoppé net la carrière de scénariste de John Cleese qui se contente depuis d’apparaître en guest-star dans des grosses productions (James Bond et Harry Potter) tout en revisitant régulièrement sa carrière auprès des Monty Python. Dommage !
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