Le 20 mai 2025
Quand érotisme homosexuel se mêle au défilé des souvenirs d’un jeune étudiant à New York, cela donne ce drôle d’objet cinématographique aux relents oniriques et poétiques.


- Réalisateur : Lucio Castro
- Acteurs : Matthew Risch, Laith Khalifeh, Ezriel Kornel, Joel Isaac
- Genre : Comédie dramatique, Érotique, LGBTQIA+
- Nationalité : Argentin
- Durée : 1h22mn
- Festival : Festival de Cannes 2025, ACID Cannes 2025

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A ne pas publier avant le 19 mai
Résumé : Adnan, un jeune étudiant en art, arrive à New York pour y passer l’été. Il effectue un stage dans une galerie où est exposé un artiste atypique et plus âgé qu’il a croisé par le passé. Alors que des moments de son passé et de son présent s’entrelacent, une série de rencontres — à la fois artistiques et érotiques — ouvrent des brèches dans sa réalité quotidienne
Critique : Parfois, il suffit d’une commande d’un plat de nouilles chinoises pour que toute son existence amoureuse soit chamboulée et que commence alors un long voyage à l’intérieur de ses souvenirs fondateurs. C’est ce qui arrive à Adnan, nouvellement arrivé à New York pour travailler dans une galerie qui expose des œuvres érotiques gays, au genre assez innovant puisque totalement fabriquées à partir de canevas. Le jeune homme a eu l’occasion par le passé de rencontrer le créateur, avec lequel non seulement il aura une relation sexuelle mais il fera l’expérimentation de l’apparition d’un ange, hautement érotique, dans une forêt sombre.
Drunken Nooddles n’est donc absolument pas un film qui se prend au sérieux. S’il décrit avec un sens certain du dépouillement les relations sensuelles d’un jeune dandy d’aujourd’hui dans le New York des lieux de drague, le récit ne plonge absolument pas dans la facilité du film érotique à destination de spectateurs homosexuels. À la limite, les rapports sexuels entre les protagonistes ne constituent que le décorum d’un conte urbain et forestier, à travers les méandres affectifs et névrotiques de son héros. On ne comprend pas toujours tout, sinon que cet arrêt à New York vient dans la continuité d’une relation de couple qui bat de l’aile. La fiction est en effet construite en trois grandes parties. La première retrace l’arrivée dans la mégapole américaine et les promenades sentimentales du jeune homme. La seconde décrit la rencontre avec l’auteur des toiles qu’il vend dans la galerie. La dernière enfin conte un séjour de l’étudiant avec son amant plus âgé.
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Si le film paraît assez structuré, il s’abandonne très vite dans les lignes sinueuses et déroutantes d’une fiction qui va et vient entre le réalisme, l’esthétique poétique et le fantastique. Le cinéaste offre ainsi un kaléidoscope de sensations hybrides qui montre la grande multiplicité de son imaginaire. Il y a quelque chose d’une toile impressionniste dans cette ballade, où l’enchantement de la ville et des forêts se mêle à la poétique de la relation amoureuse.
Drunken Nooddles est, comme souvent pour les films présentés dans la sélection de l’ACID à Cannes, inclassable. L’intérêt majeur de l’œuvre demeure le fait que le cinéaste ait refusé de sur-érotiser le propos. Pour une fois dans ce type de fiction, les relations sexuelles ne prennent pas le pas sur l’histoire et la psychologie des personnages. Le protagoniste apparaît comme un être assez insondable, qui réécrit son histoire pour s’envisager dans d’autres possibles. On comprend qu’il est tombé amoureux de ce livreur de nouilles chinoises, même s’il ne renonce pas à multiplier les rencontres d’un soir. Le film fonctionne beaucoup par allusions qui témoignent de l’excitation du personnage à chaque fois qu’il rencontre un nouvel amant, sans tomber dans le voyeurisme de mauvais goût.
Une attention particulière est apportée aux images et aux manières de filmer les paysages. New York semble être devenue une petite ville de province avec ses immeubles relativement bas, là où les forêts se distinguent par leur majesté et leur imposante végétation. Ce patchwork de modernité, d’urbanité et de nature annonce une œuvre étrange mais attachante où le réel se confond aux rêves des personnages.
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