Le 26 septembre 2018
Un film narration inepte qui échoue à faire coexister deux histoires rébarbatives qui n’ont aucune légitimité à s’entrecroiser. Un naufrage.


- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Réalisateur : Matthieu Turi
- Acteurs : Grégory Fitoussi, Brittany Ashworth, Javier Botet
- Genre : Épouvante horreur, Romance
- Nationalité : Français
- Distributeur : Next Film Distribution
- Date de sortie : 26 septembre 2018
- Durée : 1h24mn
L'argument : Dans un monde en ruine après une catastrophe inconnue, l’espèce humaine tente de se reconstruire. Les survivants ne sortent que la journée car la nuit venue d’étranges créatures sortent pour chasser. Juliette est la seule à oser s’aventurer près des villes. Un jour, sur le chemin du retour, elle perd le contrôle de sa voiture. Lorsqu’elle reprend connaissance, elle est blessée, coincée dans son véhicule, et… IL FAIT NUIT.
Notre avis : Petite production horrifique de notre terroir, Hostile a d’abord essayé de se contruire une réputation à l’étranger lors de différents festivals, c’était en 2017. A chaque fois, il se retrouvait recalé des grands festivals de genre nationaux, le PIFFF, Gérardmer, L’Etrange Festival... Un mauvais signe certain pour cette œuvre produite par Xavier Gens et tournée en anglais, qui se coltine surtout à ce jour le fardeau d’exploitations sur des petits marchés dits peu exigeants, où l’on sort aussi bien des blockbusters peu subtils que des série B/Z invisibles ailleurs. Forcément, cela jette un certain discrédit.
Le film de Matthieu Turi appartient aux productions gênantes, de celles que l’on cherche à dissimuler tant elles sont ratées. Dans un genre de science-fiction violent où la France a aligné les navets (Humains, La Meute), l’on pourra à peu près toujours faire le même reproche aux jeunes cinéastes, à savoir cette volonté de s’imposer comme auteurs, avant même d’avoir pu montrer leur talent réel comme réalisateurs et surtout conteurs d’histoire. Cette sempiternelle malédiction française à vouloir engager le divertissement horrifique dans la prise de tête psychologique a détruit beaucoup de projets en vol, s’aliénant à chaque fois le public qui était venu là pour frissonner et non pour découvrir le nouveau John Carpenter.
Hostile est un film pitch, construit sur une idée de plan final, de twist idéal, mais traité ici avec la maladresse du néant scénaristique. Faux film post-apocalyptique, vrai nanar romantique, cette première réalisation de long métrage par un artisan qui a longtemps officié comme réalisateur de seconde équipe, y compris sur des blockbusters américains, a été entièrement bâtie sur une idée inepte de deux narrations totalement opposées qui s’entremêlent. L’entrelacement des récits donne surtout naissance à une confusion déconcertante, dans la chronologie, le ton et les genres qui s’entrechoquent. D’un côté, l’on subit une romance dramatique à New York, sur fond d’addiction, digne des Feux de l’amour ; de l’autre, on s’enlise dans un décor marocain de post-nuke avec une poignée de créatures hybrides qui évoquent les monstres dégénérés de The Descent, en version mal fagotée, et sans enjeux humains. Les deux univers aux antipodes ne s’étreignent jamais dans une logique de style et de plume, mais se croisent systématiquement dans la maladresse, avec pour seuls points communs l’actrice principale, au rôle vraiment pas charismatique, et le manque d’enjeux qui gangrène les deux niveaux narratifs, dynamitant toute progression dramatique, et annihilant toute tension potentielle.
L’ineptie d’une telle construction s’accompagne de visuels laids, d’acteurs vraiment pas à leur aise, et d’une réalisation sans aucune idée. Le résultat irrite et suscite l’hostilité suprême, celle du spectateur face à un projet mal écrit dont on se demande encore comment il a pu trouver une quelconque légitimité pour aboutir dans une salle de cinéma.
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