Le 1er juillet 2025
Le livre de Nicolas Demorand, qui témoigne sur la santé mentale, nous accroche, nous effraie, autant qu’il nous révèle cet intérieur nuit, que l’auteur ne veut plus cacher.


- Auteur : Nicolas Demorand
- Editeur : Les Arènes
- Genre : Récit
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 27 mars 2025
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur

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Résumé : Nicolas Demorand, journaliste de la matinale la plus écoutée de France à la radio, révèle au public sa bipolarité dans un livre témoignage.
Critique : La santé mentale est devenue en quelques années, depuis la crise COVID notamment, une préoccupation de chacun d’entre nous. Lorsque le 26 mars 2025, en direct sur France Inter, Nicolas Demorand annonce « je suis un malade mental », il ouvre la porte à une prise de conscience encore plus forte.
On parle beaucoup de la santé mentale et le service public en fait donc un sujet de société dans sa programmation. Lorsque France Inter décide de consacrer une journée à cette thématique en 2024, le coanimateur de la matinale baisse la tête, enfermée dans sa honte. Mais le 27 mars 2025, sort Intérieur nuit. La veille, le 26, Nicolas Demorand le révèle au micro : il ne veut plus « le cacher, ne veut pas se cacher ». La honte doit quitter son camp. Il est malade et il n’y a pas de honte à éprouver, ni à le dire. Son message devient alors une force pour celles et ceux qui connaissent la maladie, car étant eux-mêmes malades, ou bien parents, aidants, amis, conjoints, enfants. Nous connaissons tous une personne qui se démène avec une maladie mentale. Alors que peut bien apporter un témoignage de plus ? Pourquoi se pencher sur l’histoire d’un autre « fou célèbre » ? (expression employée dans le livre)
Tout d’abord, Demorand ne transforme rien. Il ne tient pas à esthétiser sa maladie, à la rendre créatrice ou inspirante. Ce qu’il veut révéler à ses lecteurs, c’est l’envers du décor, tout en gardant la pudeur qui le caractérise. Cet « intérieur nuit »- formule qu’il emprunte au cinéma, lorsque les scènes ont lieu à huis clos, qu’il fait nuit et que l’éclairage est faible et artificiel- est le reflet de son propre appartement. De cet enfermement dans la dépression où le canapé reste son seul refuge, mais aussi de ce réveil tous les matins pour aller travailler, à 3h20, à l’heure où le silence nous enveloppe. C’est là qu’il nous emmène, dans une unité de lieu, de temps, d’action, là où se passe toute cette tragédie qu’est la bipolarité.
Si aujourd’hui le diagnostic permet les traitements adaptés, l’auteur nous explique que le sentier reste escarpé. Les traitements doivent être régulièrement adaptés, l’humeur scrutée, la vigilance permanente. Mais pour apprendre à marcher sur ce sentier, il a fallu se sortir du gouffre, où, accidenté, il est resté des années à être traité, sans succès, pour une dépression profonde. Il a fallu frôler la mort pour trouver de l’aide et se relever. Dans ces chapitres qui transpirent la colère, on comprend qu’il faut avancer main dans la main avec les médecins, et fuir ceux qui ne laissent pas la place à l’esprit critique personnel.
« Je veux pouvoir parler, car les malades, mentaux ou autres, sont des personnes qui ont des droits, à commencer par celui d’être soignées et respectées. » (page 69, éditions Les Arènes)
Voici l’intention, la raison de ce livre. Et c’est en cela qu’il est différent, car il n’est pas un manifeste, par un cri d’alarme, mais un plan fixe sur un malade qui nous montre ce qu’il en est. Qui raconte sans fard les phases maniaques, avant même qu’elles soient identifiées, qui parle de la solitude à ne pas se confier, de la méfiance qu’il faut garder dès que le bonheur se manifeste. Une fois le diagnostic posé, les traitements suivis, il faut composer avec ce qui reste : la vie.
Dans la volonté crue de ce récit, Nicolas Demorand ne se cache pas derrière ses références, pourtant livrées si souvent à l’antenne, lui qui aime la littérature, notamment américaine, le cinéma, les séries ou la philosophie. Non, ce récit est le sien, le langage simple et le rythme professionnel, comme à la radio. Pourtant, tout y est intime. Il réussit ainsi à provoquer l’empathie qu’il redoutait de ne pas trouver en prenant la parole. Elle s’impose comme une évidence. Le récit ne provoque pas l’admiration ou la pitié, il est juste, équilibré. Comme un traitement qui permet de réguler son humeur. L’ouvrage se conclut par des remerciements, comme souvent dans les publications modernes. Dans un mouvement d’équilibre, le lecteur a lui aussi envie de dire merci en parcourant les dernières pages.
112 pages
18 €
Galerie photos
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