Suicide, mode d’emploi
Le 2 novembre 2010
Une comédie noire putassière et superficielle qui bascule heureusement, et in extremis, dans le n’importe quoi. Pour les acteurs.
- Réalisateur : Olias Barco
- Acteurs : Benoît Poelvoorde, Aurélien Recoing, Bouli Lanners, Virgile Bramly
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français, Belge
- Date de sortie : 3 novembre 2010
- Plus d'informations : Le site officiel du film
– Durée : 1h35mn
Une comédie noire putassière et superficielle qui bascule heureusement, et in extremis, dans le n’importe quoi. Pour les acteurs.
L’argument : Le docteur Kruger est un pionnier décidé à faire entrer le suicide dans la modernité. Sa clinique reçoit une subvention gouvernementale afin que le suicide ne soit plus une tragédie, mais un acte médical assisté. Son rêve est de trouver un cadre thérapeutique à l’intérieur duquel la médecine parvient à dominer cette pulsion de destruction que les désespérés, ou les malades, veulent exercer contre eux-mêmes. Chaque jour, le docteur Kruger reçoit ses malades et les écoute. Tour à tour, les patients défilent dans son bureau et examinent avec lui les motifs qui justifient - ou non - leur suicide à venir. Lorsque la décision est prise, chacun a le droit de voir exercer un dernier souhait : déjeuner spécial, vin d’excellence, lubie personnelle. Le docteur Kruger est un humaniste qui cherche à rendre la mort des autres plus douce. Mais dans la montagne isolée où il a décidé de bâtir son rêve de « suicide idéal », quelque chose vient lui rappeler que personne ne contrôle la pulsion de mort : la mort elle-même.
- © Le Pacte
Notre avis : « Par les producteurs de C’est arrivé près de chez vous », nous dit-on. Avec le temps, on a appris à se méfier de ce type de mention présente sur l’affiche d’un film. En règle générale, pour qu’il bénéficie de ce genre de soutien, cela signifie que le film en question est soit très médiocre soit une pâle resucée de l’œuvre référentielle. Pour ce deuxième long-métrage d’Olias Barco, après le très mauvais Snowboarder il y a huit ans, il s’agirait plutôt de la deuxième option. Il y a en effet de nombreux points communs entre ce Kill me please et C’est arrivé près de chez vous, tant et si bien qu’à première vue, on flaire une certaine malhonnêteté artistique. Poelvoorde en guest inaugural comme pour donner sa bénédiction, le noir et blanc granuleux, la caméra à l’épaule façon reportage journalistique, la violence, l’humour noir et la belgitude de l’entreprise tendent à classer le film dans la catégorie « hommage stylistique vain ». Cet aspect superficiel est malheureusement alimenté par une ironie macabre qui sent le préfabriqué (sauf justement la scène avec Poelvoorde, grinçante à souhait lorsque l’on connaît les récents déboires de l’acteur) et surtout par un laxisme regrettable quant au traitement réaliste de cette histoire de clinique du suicide. Il aurait fallu donner au spectateur les moyens nécessaires pour croire à cette histoire, condition sine qua non pour apprécier ensuite les situations comiques. Au lieu de cela, Barco s’appuie seulement et paresseusement sur les qualités indéniables de ces nombreux interprètes, Bouli Lanners en tête.
Mais, miracle, tout s’emballe dans la dernière demi-heure, lorsque le film vire au jeu de massacre foutraque et hautement réjouissant, ça part dans tous les sens, il n’y a plus de règles et on finit presque par oublier les débuts laborieux, qui représentent pourtant la plus grande partie du long-métrage. « Trop tard » pour certains, « c’est déjà ça » pour d’autres. A vous de juger.
La bande-annonce : ICI
- © Le Pacte
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merode 2 novembre 2010
Kill me please - la critique
Une comdéie glaçante, hilarante et moderne sur notre monde mercantile.
Kill Me Please est une très bonne nouvelle pour le cinéma. Outre l’esprit de tournage et de prodcution, il n’a en effet aucun rapport avec le cultissime C’est arrivé près de chez vous. C’est le genre de film qui s’est dans l’amitié, le délire commun, la jubilation créatrice, pour la joie et le plaisir de tous. D’ailleurs, ça se voit à l’image et dans chaque plan. Ceux-là s’amusent, et s’amusent à nous amuser, sur le thème tabou du suicide et de notre envie de mourir. C’est cruel, noir, froid, drôle, et ceux qui ne rient pas peuvent continuer à boire leur soupe télévisuelle habituelle, ce n’est pas un film pour les médiocres ou les tièdes. Kill Me Please est un vrai film punk, faits par des punks, contre notre société, la reine d’Angleterre et la Marseillaise servie par Besson et Hortefeux. C’est un doigt d’honneur au cinéma français et à notre monde devenu fou, qui trouve que tout coûte cher, même la mort des gens, et qui le raconte très bien, et avec un énorme rire salvateur. Benoît Poelvoorde vient s’y moquer, avec une froideur et un sens du jeu qui vous donne des frissons, de sa propre image "d’acteur dépressif", et on lui tire son chapeau tellement c’est inédit, sincère et fort. Les autres acteurs sont également incroyables, et le film - réalisé en trois semaines pour quelques centaines de milliers d’euros, par amitié et envie d’ouvrir en grand les fenêtres - nous fait un bien fou. On a envie de dire MERCI LES BELGES, continuez à être aussi dingues, on en a besoin, surtout à notre époque. Voir ici une très bonne analyse du film. Et là aussi.
Et là encore.Bref... On adore.