Attache-moi !
Le 23 janvier 2010
Une intrigue à la sauce Sade servie sur un plateau eighties franchement démodé pour ce porno japonais plus kitsch que chic, et qui peine à provoquer un quelconque trouble érotique...
- Réalisateur : Shogoro Nishimura
- Acteurs : Jun Izumi, Usagi Aso, Kate Asabuki
- Genre : Érotique
- Nationalité : Japonais
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Plus d'informations : Le site du DVD
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– Durée : 1h09min
– Titre original : Chikubi ni piasu o shita onna
– Date de sortie DVD : le 6 janvier 2010
Une intrigue à la sauce Sade servie sur un plateau eighties franchement démodé pour ce porno japonais plus kitsch que chic, et qui peine à provoquer un quelconque trouble érotique...
Le film
L’argument : Une midinette en mal d’amour finit par accepter un rendez-vous avec un inconnu qui lui fait porter des fleurs chaque jour. Charmée par son physique de play-boy, elle s’installe chez lui et se soumet à ses fantaisies sexuelles sans prêter la moindre attention au curieux langage qu’il lui tient. Pourtant, les mots qu’il lui chuchote à l’oreille sont autant de tendres morsures qui insinuent lentement en elle le venin de la soumission...
Notre avis : Il était une fois, au pays des perversions, une petite fille qui s’était fait capturer par un grand méchant loup... La petite fille, c’est Satsuki (Jun Izumi), et le grand méchant loup, c’est peut-être moins le dominateur à gueule d’ange qui la réduit peu à peu en esclavage que le cinéaste Shogoro Nishimura, qui installe cette nouvelle Justine de Sade au coeur d’une relation torturée et pourtant étonnamment incapable d’éveiller réellement l’attention du spectateur. Soucieux de faire de l’art avec du cochon, le réalisateur habille ses scènes d’éclairages soignés et veloutés, qui distinguent son travail de mise en scène du simple choix du meilleur angle pour filmer ses scènes d’ondinisme. Toutefois, le film n’est pas à la hauteur de ses ambitions ; si les histoires de Sade dérangeaient tant, c’est qu’elles provoquaient un trouble douloureusement délicieux y compris chez un public se tenant a priori à l’écart des pratiques qu’elles décrivaient : tout était question de dosage - entre saupoudrage et franches giclées -, d’attente, d’un enchaînement continu de désirs et d’assouvissements. Or ici, le sado-masochisme est servi en entrée, en plat de résistance et en dessert, mais sans que la préparation ou l’assaisonnement varient ; de telle sorte qu’une fois la fin venue, on frôle l’indigestion. Durée réduite oblige, le cinéaste est obligé de trancher dans la chair de son récit pour aller à l’essentiel : résultat, une psychologie des personnages bien trop pressée s’écarte de toute vraisemblance et du même coup de toute possibilité de communication avec le spectateur.
Le Japon n’a jamais eu peur en matière d’images explicites en tous genres : les films muets japonais comptent parmi les plus violents de leur époque, et le renouveau du cinéma après la guerre et dans les années 1970 a mis sur le devant de la scène la part la plus cruellement imaginative des cinéastes nippons. Dans La femme aux seins percés, on perce des tétons en gros plans, on s’écorche les fesses sur un lit de roses épineuses, avant de se livrer à un fantasme « Guillaume Tell », flèches enflammées à l’appui... Mais la violence glisse, ennuie plus qu’elle n’intrigue, la musique et l’ambiance follement connotées années 1980 - robe à paillettes et cheveux en pétard sont là pour l’attester - ne contribuant pas à rendre le tableau plus attrayant. Un peu plus de dix ans plus tard, un autre réalisateur de pinku, Hisayasu Sato, livrera une variation en vidéo sur le même thème, Naked blood, où un jeune scientifique boutonneux découvre une drogue transformant la sensation de douleur en plaisir - on vous laisse imaginer les potentialités scénaristiques... - ; version autrement plus puissante que notre mijaurée en mal (mâle ?) d’un dominateur. Quant à cette femme aux seins percés, on ne peut lui souhaiter que du plaisir... Pour l’érotisme, on repassera.
Le DVD

Nouveau titre de la collection Wild Side retraçant l’histoire du roman porno japonais, La femme aux seins percés est disponible dans une édition 2 DVD dont la mention "collector" semble surtout qualifier la disponibilité du film en France...
Les suppléments
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Si l’on peut aisément se passer des bandes-annonces de la collection présentes sur le deuxième DVD, bonne surprise pour l’unique bonus réel, un documentaire de 26 minutes, d’assez bonne facture et très pertinent, sur l’histoire et la portée du genre "roman porno" au Japon.
Image
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Quand on sait que 1100 "romans porno" ont été tournés au Japon dans les années 1970 et 1980, difficile de penser que tous ont été conservés avec le même soin... Cette version remasterisée fait de son mieux pour effacer les défauts de l’original ; reste un grain assez perceptible qui encombre quelqu’un peu la visibilité générale...
Son
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La seule piste disponible (l’original japonais en Mono) reste pénible à écouter, le mixage des voix étant métallique, saturé et démesurément proche par rapport aux musiques.
Galerie photos
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