Où y a d’la vie, y a du désespoir
Le 1er décembre 2009
Morbide, désespérant et incroyablement beau, ce film fantastique de John Hillcoat joue la carte de l’intimisme pour nous bouleverser encore plus. Il y parvient souvent, malgré une fin légèrement décevante.

- Réalisateur : John Hillcoat
- Acteurs : Guy Pearce, Viggo Mortensen, Charlize Theron, Robert Duvall, Kodi Smit-McPhee
- Genre : Science-fiction, Fantastique
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 2 décembre 2009
Durée : 1h59mn
Titre original : The road
Morbide, désespérant et incroyablement beau, ce film fantastique de John Hillcoat joue la carte de l’intimisme pour nous bouleverser encore plus. Il y parvient souvent, malgré une fin légèrement décevante.
L’argument : Il y a maintenant plus de dix ans que le monde a explosé. Personne ne sait ce qui s’est passé. Ceux qui ont survécu se souviennent d’un gigantesque éclair aveuglant, et puis plus rien. Plus d’énergie, plus de végétation, plus de nourriture... Les derniers survivants rôdent dans un monde dévasté et couvert de cendre qui n’est plus que l’ombre de ce qu’il fut. C’est dans ce décor d’apocalypse qu’un père et son fils errent en poussant devant eux un caddie rempli d’objets hétéroclites - le peu qu’ils ont pu sauver et qu’ils doivent protéger. Ils sont sur leurs gardes, le danger guette. L’humanité est retournée à la barbarie. Alors qu’ils suivent une ancienne autoroute menant vers l’océan, le père se souvient de sa femme et le jeune garçon découvre les restes de ce qui fut la civilisation. Durant leur périple, ils vont faire des
rencontres dangereuses et fascinantes.
- © Metropolitan FilmExport
Notre avis : Réalisateur aussi rare que précieux (quatre films en vingt-cinq ans), John Hillcoat semble avoir à nouveau le vent en poupe auprès des producteurs qui lui ont octroyé un budget conséquent (environ 20 millions de dollars) pour tourner cette adaptation du roman d’anticipation de Cormac McCarthy, lauréat du prix Pulitzer en 2007. A partir d’une classique histoire post-apocalyptique, le cinéaste nous conte avant tout une histoire d’amour poignante entre un père et son fils, seuls rescapés d’un monde en décomposition. Loin des représentations typiques du post-nuke (version Mad Max) des années 80, John Hillcoat opte pour une forme de réalisme fantastique qui prend littéralement aux tripes. Certes, le cinéaste nous offre bien un nombre conséquent de plans grandioses sur des villes dévastées, une horde d’hommes barbares et cannibales, mais il ne tombe jamais dans le piège du bric à brac typique du genre. Ici, point de voitures rutilantes armées jusqu’aux dents et de motos fantasques chevauchées par des punks hystériques. Juste des hommes sales, édentés et ruinés par la famine qui sévit depuis l’extinction de toute vie animale sur la planète.
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Au milieu de ce décor de fin du monde, Viggo Mortensen incarne avec conviction un père qui cherche à protéger son fils, tout en lui apprenant la subsistance au quotidien dans un milieu hostile. Avec une force et une violence de sentiments incroyables, les personnages évoquent avec réalisme la mort, le suicide et la barbarie. Autant dire que les spectateurs venus chercher du fun en seront pour leurs frais tant l’ensemble est morbide et désespérant. Le cinéaste en profite pour poser des questions essentielles comme savoir si l’espèce humaine mérite vraiment d’être sauvée, mais également si l’homme doit conserver des règles morales lors même que toute société a disparu. Remarquable durant une première heure étouffante et éprouvante - on pense immédiatement aux dernières séquences apocalyptiques du superbe The mist, d’autant que la musique éthérée de Nick Cave est très proche de celle du film de Frank Darabont - La route perd un peu de sa superbe dans une seconde partie plus répétitive, jusqu’à un final lumineux bien plus décevant encore. Malgré ces défauts de construction, ce métrage nous propose suffisamment de scènes puissantes, rarement vues au cinéma, pour emporter l’adhésion. La force qui se dégage de la relation entre ce père et son fils, les épreuves qu’ils traversent et quelques scènes horrifiques particulièrement effrayantes font de La route un grand moment de cinéma. Même si le recours à des métaphores religieuses trop évidentes et un final trop conventionnel viennent tempérer notre enthousiasme, John Hillcoat vient assurément de signer une œuvre fantastique et intimiste aussi belle qu’émouvante. Une date !
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Vos avis
11 décembre 2009, par Frédéric de Vençay
"Morbide, désespérant et incroyablement beau", en effet... N’ayant pas lu le livre, je peux difficilement faire la comparaison (mais après tout, qu’est-ce qu’on s’en fout !). En l’état, le film de John Hillcoat est une représentation très convaincante d’un monde post-apocalyptique, et se place sans peine aux côtés de "La Guerre des mondes" et des "Fils de l’Homme" au panthéon des meilleurs films de SF de la décennie. Viggo (mais est-il utile de le préciser ?) crame la pellicule par son charisme et sa présence, dans ce récit poignant à la simplicité quasi-biblique.
17 décembre 2009, par Frédéric Mignard
Un drame humaniste et apocalyptique aride au niveau des émotions. Quant l’acteur principal... Bof, bof... Reste la musique de Nick Cave.
25 janvier 2010, par Norman06
Que le film soit fidèle ou non au best seller n’a que peu d’importance : Hillcoat signe une œuvre étouffante et prenante, certes moins aboutie que ses réalisations australiennes, mais supérieure à bien des produits sur l’apocalypse. Étonnante prestation de Viggo Mortensen en papa protecteur.