Le 8 juillet 2025
Après le premier volet Rêves, Dag Johan Haugerud poursuit son voyage sensible dans la sentimentalité de deux êtres rattrapés par la force amoureuse. Un petit bonheur de délicatesse.
- Réalisateur : Dag Johan Haugerud
- Acteurs : Marian Saastad Ottesen, Andrea Bræin Hovig, Tayo Cittadella Jacobsen, Marte Engebrigtsen, Lars Jacob Holm
- Genre : Comédie dramatique, Romance, LGBTQIA+
- Nationalité : Norvégien
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h58mn
- Titre original : Kjærlighet
- Date de sortie : 9 juillet 2025
- Festival : Festival de Berlin 2025
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Résumé : Sur un ferry qui les ramène à Oslo, Marianne, médecin, retrouve Tor, infirmier dans l’hôpital où elle exerce. Il lui raconte qu’il passe souvent ses nuits à bord, à la recherche d’aventures sans lendemain avec des hommes croisés sur des sites de rencontre. Ces propos résonnent en Marianne, qui revient d’un blind date organisé par sa meilleure amie et s’interroge sur le sens d’une vie amoureuse sans engagement. Mais ce soir-là, Tor succombe au charme de Bjorn, qui lui résiste et lui échappe...
Critique : Ils sont collègues dans un hôpital où ils côtoient des patients masculins dont le cancer de la prostate va annuler leurs capacités érectiles. Mais dans tous les cas, absolument pas leur désir d’amour. Marianne est le médecin et elle croise son collègue infirmier, Tor, sur un ferry où il lui révèle qu’il y passe ses nuits à la recherche de rencontres sexuelles avec des hommes de passages. Tous les deux refusent de s’enfermer dans une relation amoureuse, encore moins un mariage, comme persuadés que leur destin les contraindra à la solitude affective. Et pourtant, en dépit de leur croyance durement ancrée en eux, l’amour va s’inviter dans leur existence.
Dag Johan Haugerud ouvre la page d’un Oslo beaucoup plus riche des bords de mer où les vacanciers ou habitants aisés peuvent appréhender la baie de la ville, depuis les hauteurs de leur luxueuse maison. Dans le premier volet, le réalisateur entrait dans une famille en plein centre-ville où la capitale norvégienne s’évaporait dans l’intimité littéraire de l’héroïne. Cette fois, la ville s’affirme comme un élément central de la narration, avec ce ferry qui relie les deux rives et, pour suivre la métaphore, contribue au dénouement et à la construction de liaisons amoureuses de passage. Sauf que Tor et Marianne vont y découvrir le meilleur de l’amour, l’un s’agrippant trop vite à elle, et l’autre résistant à ses entreprises sensuelles, comme si à travers ces deux manières de tomber amoureux, l’histoire n’en figurait qu’une seule.

- Copyright Pyramide Distribution
Une nouvelle fois, Dag Johan Haugerud brandit sa force d’écriture pour entraîner ses personnages dans un flot de paroles, d’une grande délicatesse, mais savamment dosé pour ne pas ennuyer les spectateurs. Il y a une véritable théâtralité dans ces chassés-croisés amoureux qui font penser à un texte de Marivaux ou un film de Rohmer. Les personnages aiment parler de l’amour, des désillusions de leur existence, ou se mentir à eux-mêmes. Ce conte moderne emprunte les voix secrètes des personnages qui se répandent dans l’apparence tranquille d’Oslo. Le début montre d’ailleurs une guide de la ville qui accompagne les touristes à la découverte de tous les lieux et curiosités qui rendent hommage à la sexualité libre et de surcroît à l’amour. L’érotisme alors s’invite dans le film par petites touches, dans une suggestion des plus merveilleuses.
La trilogie d’Oslo / Amour confirme le talent de cinéaste de son auteur. La scénario s’écarte de la question littéraire, mais la manière dont il aborde ces deux récits amoureux s’apparente à un roman. Les descriptions non lettrées se retrouvent dans ces prises de vue superbes où le réalisateur regarde la capitale norvégienne. La plupart de ces images sont dérobées la nuit, figeant le temps dans une dimension sensuelle particulière. On pressent, à la façon d’un Pedro Almodóvar dans sa relation à Madrid ou un Woody Allen avec New York, que Dag Johan Haugerud aime plus que quiconque sa ville. Il offre aux spectateurs tous les détails architecturaux qui permettent de pénétrer la psychologie complexe de ses deux protagonistes dans une forme d’universalité.

- Copyright Pyramide Distribution
La trilogie d’Oslo / Amour s’affirme comme une œuvre suspendue, hors du temps. En dépit du sujet, le long-métrage évite toute forme de complaisance ou de dramaturgie excessive. La mise en scène jongle au contraire magnifiquement entre le drame sentimental et le ricanement ironique à l’égard de ses personnages. Les acteurs d’ailleurs composent avec leur rôle dans une candeur très étonnante, qui fait d’eux des archétypes solaires de la balade amoureuse, comme toute la littérature du XVIIe siècle en est pourvue.
Voilà un film pétri d’une délicatesse infinie qui ravira les amoureux de l’amour. Dag Johan Haugerud déroule son art du dialogue avec une générosité et une facilité stupéfiantes. Ainsi, le spectateur se retrouve emporté dans un flot de douceur et cruauté à la fois où il pourra s’identifier à sa guise aux émois défensifs en matière d’amour des deux héros. D’autant que le troisième et dernier volet de la trilogie devrait conclure sur une autre face de l’amour et de la ville d’Oslo.
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