Le 14 septembre 2025
Entre science et philosophie, Costa-Gavras regarde la mort en face à travers le prisme d’un plaidoyer riche de contrastes.
- Réalisateur : Costa-Gavras
- Acteurs : Charlotte Rampling, Denis Podalydès, Karin Viard, Ángela Molina, Alain Libolt, Hiam Abbass, Kad Merad, Françoise Lebrun, Marilyne Canto, Agathe Bonitzer, Elisabeth Quin
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Bac Films
- Editeur vidéo : Blaq Out
- Durée : 1h39mn
- Date de sortie : 12 février 2025
- Festival : Festival San Sebastian 2024
L'a vu
Veut le voir
– Sortie DVD/Blu-ray : 2 septembre 2025
Résumé : Dans un dialogue amical et passionné, le docteur Augustin Masset et l’écrivain Fabrice Toussaint se confrontent pour l’un à la fin de vie de ses patients et pour l’autre à sa propre fatalité. Emportés par un tourbillon de visites et de rencontres, tous deux démarrent un voyage sensible entre rires et larmes : une aventure humaine au cœur de notre vie à tous.
Le test DVD

- © Blaq Out
Image :
L’image séduit pour son caractère intimiste et immersif. La photographie s’inscrit à merveille dans les déambulations du médecin et du philosophe.
Son :
Le tout est vraiment d’excellente facture. Les dialogues brillent par leur justesse. La bande originale de Armand Amar adoucit et accompagne bien le film.
Suppléments :
Deux suppléments très consistants sont offerts au menu du film et nous nous en réjouissons évidemment.
– Entretien avec Costa-Gavras (22 minutes) : La genèse du film est essentiellement due au livre de Claude Grange et Régis Debray. Ce qui a intéressé le plus Costa-Gavras est le thème de ceux qui partent et ceux qui restent. Concernant les soins palliatifs, ce sont des praticiens hospitaliers réels qui ont été choisis pour le casting, à l’exception de Kad Merad. La fin se termine cependant sur une note d’espoir avec la cancérologue invitant le philosophe à lutter ("La petite tache s’est réveillée"). Un film est néanmoins, à ses yeux, un divertissement. L’humour n’est pas aux abonnés absents. Costa-Gavras apprécie de travailler avec des acteurs de qualité aspirant à jouer un rôle inédit dans leur carrière. Kad Merad s’éloigne ainsi du registre comique avec talent. Denis Podalydès incarne avec brio à la fois le philosophe et l’écrivain mais aussi le futur patient. Les dialogues sont précis pour retranscrire les angoisses des patients et de leur entourage. Costa-Gavras se prononce pour des soins palliatifs plus nombreux. La mort ne doit pas être cachée aux enfants selon lui.
Making-of (32 minutes) : Costa-Gavras confie que le film n’a pas été évident à tourner avec un scénario difficile à construire. On voit la manière dont Costa-Gavras dirige ses acteurs avec beaucoup de pédagogie et sans jamais être directif. Beaucoup de scènes de tournage nous sont proposées. Denis Podalydès et Kad Merad sont élogieux l’un envers l’autre, ce à juste titre. Régis Debray apparaît également dans le making-of. La mort est selon lui plus visible aujourd’hui puisque désormais il n’y a plus d’au-delà. Karin Viard aime beaucoup l’idée que Costa-Gavras fasse ce film sur la fin de vie à l’âge qu’il a (plus de quatre-vingt-dix ans). Le film n’a pas été aussi facile à financer que l’on pourrait le croire. Kad Merad et Denis Podalydès parlent simultanément du sens du détail chez Costa-Gavras. Leur fierté a été immense de tourner avec un réalisateur aussi légendaire. Son énergie semble inépuisable et il n’abdique devant aucun écueil lorsqu’il tourne. Charlotte Rampling s’exprime sur notion d’acceptation lorsque la mort s’approche.
Éric Françonnet
Critique : La mort désormais appelée fin de vie dans une époque qui édulcore les mots pour éviter de se heurter de plein fouet à la réalité fait partie de la vie mais reste un sujet tabou, personne ne voulant croire à sa propre disparition. Autrefois, la vieillesse, le handicap ou l’incurabilité menaient naturellement à cette issue fatale. Mais aujourd’hui, le perfectionnement des techniques médicales laisse planer l’illusion de pouvoir nier l’inévitable trépas au point de maintenir dans un état végétatif ceux que plus rien ne relie à la vie et suscite de plus en plus d’interrogations sur le bien-fondé de telles pratiques. À l’heure où le droit de mourir dans la dignité est devenu un enjeu politique majeur, Costa-Gavras, aujourd’hui âgé de 91 ans, bien connu pour ses prises de position idéologiques et persuadé que tous les films sont politiques, incite les pouvoirs publics à légiférer sur la fin de vie, sujet de sa dernière œuvre, inspirée de l’ouvrage éponyme de l’écrivain Régis Debray et du médecin Claude Grange.

- Copyright Bac Films
Alors qu’un médecin africain s’insurge contre le sort que l’Occident réserve à ses anciens, les parquant dans des mouroirs dans la solitude et l’indifférence la plus totale, le docteur Augustin Masset (Kad Merad) démontre que dans son unité de soins palliatifs, la décence est de mise autour de ses malades condamnés qu’il entoure d’écoute, de réconfort, de compréhension et surtout de respect. Il y croise Fabrice Toussaint (Denis Podalydès), un écrivain qui, après un examen médical, est soudainement confronté au spectre de sa propre disparition. Entre données scientifiques et discussions didactiques se dessine une représentation collective et individuelle de ce que pourrait être la mort « idéale » pour soi et ses proches, propre à atténuer la peur de chacun d’entre nous. Des consultations filmées directement à l’hôpital amènent le film aux frontières du documentaire que l’aspect fictionnel adoucit de bienveillance et de poésie, éliminant tout risque de misérabilisme. Et si la démonstration se fait quelque peu répétitive, l’ennui n’aura pas le temps de s’installer, bien vite chassé par la qualité exceptionnelle de l’interprétation.

- Copyright Bac Films
Denis Podalydès se glisse au millimètre près dans le costume de cet écrivain angoissé dont la modestie n’a d’égale que le désir d’aider et de s’informer. Kad Merad, qui prouve une fois encore sa capacité à passer du comique au tragique, n’a aucun mal à nous convaincre de la grandeur d’âme de ce professeur de médecine tout empreint de douceur pour accompagner jusqu’à leur dernier souffle les mourants dont il a la charge. Quant aux seconds rôles, essentiellement féminins, ils n’ont rien de subalterne. Chacune des actrices (de Marylin Canto à Karin Viard en passant par Charlotte Rampling, Hiam Abbas, Françoise Lebrun et quelques autres) distille tour à tour dignité, détermination, apaisement et espoir. Leurs interventions successives lient les scènes entre elles pour former la cohérence d’un récit plus drôle que funeste.
Avec la justesse qui le caractérise, celui qui se définit comme un artiste engagé et non pas comme un cinéaste militant signe un film sensible qui s’adresse à tout le monde et démontre que jusqu’aux portes de la mort, la vie mérite d’être sublimée.
Claudine Levanneur
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.

























