Le 8 mars 2024
Francis Veber adapte sa pièce du même nom et signe une comédie aux ressorts efficaces, qui doit beaucoup à son comédien principal, Jacques Villeret.
- Réalisateur : Francis Veber
- Acteurs : Jacques Villeret, Thierry Lhermitte, Daniel Prévost, Catherine Frot, Francis Huster, Philippe Brigaud, Christian Pereira, Daniel Martin
- Genre : Film culte
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gaumont Buena Vista International
- Durée : 1h20min
- Date télé : 17 décembre 2023 23:05
- Chaîne : TMC
- Date de sortie : 15 avril 1998
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Critique : Depuis la sortie de L’emmerdeur, Pignon est devenu un archétype de Français moyen, débonnaire et souvent naïf : ses avatars se sont promenés dans des comédies à succès, prenant parfois le patronyme de Perrin. La présence d’un tel personnage a permis d’épicer la structure de buddy movies tels que Les Compères ou La Chèvre, où Pierre Richard jouait les mouches du coche, avec une maladresse touchante. Généralement, la recette du rire mijotait dans la même marmite, le repas servi satisfaisait beaucoup de gens (les longs-métrages de Veber furent de grands succès dans les années 80) : c’était l’essentiel. Parfois, le plat s’avérait plus fade, parce que les acteurs à qui revenait le rôle n’étaient franchement pas taillés dans le bois brut du burlesque le plus achevé (exemplairement, Bruel dans Le Jaguar).
Lorsque le réalisateur et scénariste adapte sa propre pièce de théâtre du même nom, jouée avec succès en 1993, il a le bon goût de reprendre Jacques Villeret dans le même rôle. C’est lui qui assurera en grande partie le triomphe de cette comédie très divertissante - plus de neuf millions d’entrées en 1998, la deuxième meilleure affluence derrière l’intouchable Titanic -. Fondé sur des ressorts très efficaces, qui empruntent aux vaudevilles de Feydeau (le cocuage donne lieu à des retournements de situation) et à la comédie moliéresque, Le dîner de cons parvient, avec une vraie habileté, à extraire tout le jus de séquences gênantes ou rocambolesques. Le rythme du film ne faiblit jamais, sans que les personnages ne s’agitent pour autant dans un décor qui demeure avant tout un lieu de théâtre, parce que le scénario est habilement construit sur des enchaînements de malentendus et sur un retournement de situation où l’arroseur devient l’arrosé, une vieille tradition de l’humour hexagonal en somme, qui remonte à La Farce de Maître Pathelin.
Dommage que Veber se sente obligé, à la fin de l’histoire, de sous-titrer la méchanceté de son héros Brochand, un éditeur parisien, et de distiller une leçon de morale sous la forme d’une conversation téléphonique. En effet, le tour de rein et les avanies subies par l’amphitryon constituent déjà en soi des punitions immanentes : le pépin physique le livre pieds et poings liés à sa victime d’un soir, les difficultés rencontrées par l’hôte croisent des déboires conjugaux qui constituent l’orthodoxie du vaudeville. Dans la peau du méchant puni, Lhermitte s’avère un sparring-partner tout à fait convenable, la star du film étant bien sûr Villeret, qui hisse le degré d’ahurissement jusqu’à des hauteurs vertigineuses. Le comédien obtiendra le César du meilleur acteur, l’année suivante. Daniel Prévost, dans un emploi mémorable de contrôleur fiscal, sera récompensé par le César du meilleur second rôle.
Comme à l’accoutumée, les personnages féminins sont relégués au second plan chez Veber. On s’amusera donc, parmi cette bande d’hommes aux caractères bien différents, à repérer le maillon faible de la soirée : un indice, il incarne Juste Leblanc et provoque la gêne lorsqu’il force son rire.
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