État soeur
Le 17 décembre 2002
Marco Bellocchio signe un pamphlet contre l’Italie berlusconienne et la vague de conformisme qui l’accompagne.

- Réalisateur : Marco Bellocchio
- Acteurs : Sergio Castellitto, Piera Degli Esposti
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien
- Editeur vidéo : TF1 Studio
- Festival : Festival de Cannes 2002

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Durée : 1h42mn
Titre original : L’ora di religione
Avec Le sourire de ma mère, Marco Bellocchio signe un pamphlet contre l’Italie berlusconienne et la vague de conformisme qui l’accompagne. Le cinéaste renoue avec ses premières oeuvres guidé par un engagement politique annonçant les événements de mai 68.
Moins violente qu’à l’époque, la lutte ne doit pas pour autant se poser sur la seule intellectualisation. Mettre ses actes en accord avec sa pensée est essentiel.
Ernesto, peintre à la renommée incertaine, confronté à l’hypocrisie religieuse projetant de béatifier sa mère, essaie de garder cette indispensable honnêteté .
Sa famille, qui jusqu’à présent luttait pour le droit à la liberté de penser, fait maintenant tout pour le convaincre de soutenir cette sanctification. Après avoir arrêté le combat, son entourage cherche des appuis politiques et spirituels afin de retrouver le rang qui était le sien. Pour cela, il faut prouver le martyr de la mère tuée par l’un de ses fils, aujourd’hui aliéné et mutique. Ernesto est le seul de la fratrie à pouvoir le faire parler.
Ecarté du complot familial pour sa droiture et ses préjugés anticléricaux, il tombe des nues. Il ne peut croire à cette béatification. Il a beau essayer de comprendre, il n’arrive pas à voir en sa mère autre chose qu’une femme qui ne comprenait rien. Elle fut le bourreau de son frère, non l’inverse. Son sourire, aujourd’hui évocateur de sainteté, est pour lui le symbole d’une triste réalité : la béate imbécillité maternelle.
Ce sourire est le seul héritage d’Ernesto. A son corps défendant, il l’arbore constamment. Il est le reflet de son émotion. Le plus souvent, il ne lui procure que des ennuis, les autres voyant en lui ironie et mépris. Mais il sera aussi un élément de séduction permettant l’arrivée de l’amour salvateur.
Ernesto a choisi la sublimation afin de s’évader de ce monde dominé par la corruption. Mais il subit celle-ci, cette fois avec plaisir, quand il s’avère que la femme dont il tombe amoureux le trompe sur son identité. Ernesto, contrairement à son frère, muré en lui-même, ne demande qu’à croire. Toutefois, seul l’amour d’une femme prend grâce à ses yeux.
Marco Bellocchio a choisi de filmer l’ensemble à la manière d’un songe. Ernesto, personnage ancré dans le 21e siècle, est entouré de rétrogrades aux visages de vampires, sortis du 19e. La photo, s’inspirant du clair-obscur du Caravage, accentue l’irréalité de l’ensemble. Certains côtés sombres du films envoûtent, faisant écho à la lutte interne qui s’opère en chacun de nous : le désir d’indépendance. Ernesto se bat contre le carcan familial et l’hypocrisie, mais l’objet de ce combat, c’est le libre arbitre. Pour cela, il lui faudra renoncer à l’image idéale des parents de son enfance, vivre dans le réel, et lutter pour l’améliorer selon sa conscience.
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