Le 20 septembre 2025
Une œuvre noire, tourmentée, adaptée du propre roman éponyme du réalisateur, qui sonne comme une longue balade mélancolique à travers la psychologie complexe de personnages hantés par le désir de vivre.
- Réalisateur : Lucas Belvaux
- Acteurs : Ramzy Bedia, Déborah François, Niels Schneider, Linh-Dan Pham
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : UGC Distribution
- Durée : 1h53mn
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 17 septembre 2025
- Festival : Festival d’Angoulême 2025
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Résumé : Ça vaut quoi la vie d’un homme ? D’un homme comme lui. Un homme sans rien. Skender, ancien légionnaire, le découvrira bien assez tôt. "Madame", veuve fortunée et passionnée de chasse, s’ennuie. Elle charge alors son majordome de lui trouver un candidat pour une chasse à l’homme, moyennant un très juteux salaire. Skender est le gibier idéal. Mais rien ne se passera comme prévu...
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Critique : Skender est SDF. Il vit dans ce qui ressemble à une cabane dans un bout de forêt. Rien ne le présage à recouvrir une existence normale, quiète, à revoir ses enfants, et reprendre une vie conjugale après ces années d’errance et d’abandon psychique. Jusqu’au moment où il revoit un ancien collègue de la Légion qui le met en lien avec une richissime "Madame", passionnée par la chasse à court d’hommes contre de juteuses sommes d’argent. Et parce qu’il n’a sans doute pas le choix s’il veut offrir du rêve à ce qui lui reste de famille, Skender accepte ce contrat contre plusieurs millions d’euros, au risque de perdre bientôt la vie.
Les tourmentés est issu du roman éponyme de Lucas Belvaux, qui a connu à sa sortie un vrai succès de librairie et critique. L’adaptation cinématographique est toujours un pari et il faut reconnaître que le réalisateur, qui naturellement connaît la densité de son propre ouvrage, y réussit plutôt bien. En effet, pendant deux heures, on n’assiste pas tant à la mort annoncée d’un homme qui s’est vendu à une bourgeoise aux allures psychopathiques, qu’à une véritable renaissance. L’ancien commandant de la Légion, la cliente de ce terrible marché, eux, de leur côté, faillissent peu à peu dans une mélancolie glaçante. Il faut admettre aussi que la réalisation offre des paysages merveilleux de forêts et montagnes qui contrastent avec la noirceur psychologique des personnages.

- © 2025 David Koskas - BIZIBI. Tous droits réservés.
Le vrai problème du film demeure la difficile vraisemblance du propos. Si le cinéma et donc la fiction peuvent s’autoriser des envolées imaginaires sans limite, le spectateur a du mal à croire que cette "Madame" ait pu résister jusqu’alors à toute enquête policière et que le héros accepte contre plusieurs millions de se soumettre à une chasse à l’homme terrifiante. Mais ne pas adhérer à ce présupposé narratif peut faire basculer le spectateur dans l’ennui et la consternation. Il faut donc accepter que rien n’est plausible et du coup s’abandonner à la noirceur des personnages. Les trois acteurs principaux s’adonnent avec beaucoup de conviction à l’interprétation de leurs personnages, tous cabossés par une existence marquée par des traumatismes d’enfance ou de guerre. Linh-Dan Pham est particulièrement brillante dans ce rôle de femme riche, sans limite, qui se plaît à pourchasser dans des contrées sauvages des hommes qu’elle considère comme des gibiers, sans doute parce qu’elle-même a pu être prise pour une marchandise quand elle était enfant.

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Le format aurait mérité d’être un peu raccourci. Pour autant, on comprend le besoin de réalisateur de plonger dans l’intériorité sombre de ses personnages qui n’ont rien de commun. Seule la jeune mère de famille qui éduque ses deux fils offre une image positive, allant jusqu’à refuser les cadeaux luxueux que Skender lui offre pour la retrouver. Mais le goût de l’argent, de la possession finit par habiter tous les personnages qui tentent, à travers la matérialité, de redonner du sens à leur existence. Ramzy Bedia qu’on connaît surtout pour son talent de comique affirme ici une vraie capacité à endosser un rôle dramatique. Il ne surjoue jamais, tout en donnant à son personnage une tonalité humaniste très touchante.
Les tourmentés recèle de véritables qualités dans la mise en scène qui se veut à la fois grandiloquente et épurée. Les décors des maisons ou des appartements luxueux contrastent avec des personnages comme vidés qui se débattent contre le désespoir. La fin, heureusement optimiste, redonne au récit une lueur d’espoir méritée après presque deux heures dans le désarroi le plus profond.
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