Les Palmes d’or
Le 20 juin 2024
Il fallait oser tourner ce brûlot antimilitariste... et encore plus le couronner à Cannes !


- Réalisateur : Robert Altman
- Acteurs : Elliott Gould, Donald Sutherland, Tom Skerritt, Robert Duvall, Sally Kellerman, Ted Knight, Gary Burghoff
- Genre : Comédie, Film culte
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Fox Pathé Europa
- Durée : 1h56mn
- Date télé : 6 février 2025 20:50
- Chaîne : TCM Cinéma
- Date de sortie : 1er mai 1970
- Festival : Festival de Cannes 1970

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Résumé : De jeunes chirurgiens antimilitaristes aimant l’alcool et les femmes se retrouvent en pleine guerre de Corée à l’hôpital militaire mobile où ils sèment la pagaille.
PALME D’OR, Cannes 1970
Critique : En préambule, un petit retour sur le contexte de l’époque s’impose. L’année 1970 est en effet marquée par l’intensification des conflits au Vietnam et au Cambodge. Une guerre dans laquelle semblent s’enliser les forces américaines. C’est dans ce contexte international troublé, les manifestations pacifiques, à l’instar de Woodstock, se multipliant dans les différentes capitales du monde, que sort M.A.S.H.. Brûlot anti-militariste, farce grinçante sur l’attitude de certains soldats lors des conflits, le film de Robert Altman aura fait couler beaucoup d’encre avant, pendant et après le Festival de Cannes 1970. Le film fut notamment interdit de projection dans les cinémas des forces armées américaines. Malgré son côté subversif, ou peut-être grâce à sa violente charge anti-guerre, M.A.S.H. recevra pourtant la Palme d’or cette année-là. Une récompense qui a d’ailleurs fait l’objet des plus vives critiques, y compris celles de Kirk Douglas, membre du jury cannois cette année-là. Ce dernier jurera même qu’on ne l’y reprendrait plus, décision sur laquelle il reviendra en acceptant d’être le président du jury du Festival de Cannes en 1980 !
Au-delà de la polémique, le film de Robert Altman est une satire pleinement réussie sur l’absurdité de la guerre. Se refusant à filmer les combats, pour dresser des portraits au vitriol de médecins-chirurgiens alcooliques et grivois, le cinéaste renforce son attaque anti-militariste en détruisant le mythe du héros guerrier pour le réduire un vulgaire médecin obsédé sexuel. Interprété par une brochette d’acteurs manifestement heureux de participer à cette pochade, M.A.S.H. (l’acronyme désignant l’hôpital chirurgical de l’armée américaine en campagne) offre notamment un personnage de doux dingue à Donald Sutherland, rôle qu’affectionne tout particulièrement l’acteur (voir sa prestation dans De l’or pour les braves en 1970 avec Clint Eastwood et Telly Savalas). Même s’il peut parfois s’apparenter à un teen movie, avec ces personnages ne pensant qu’au sexe, à l’alcool, et au football, M.A.S.H. à son époque, a été considéré comme un brûlot. S’il était osé de tourner et produire un tel film, cela l’était tout autant de lui attribuer la suprême récompense cannoise. Mais l’histoire du festival l’a depuis largement prouvé : le public raffole de ces palmes à scandale qui font tourner les rotatives, et mettent un peu de piment dans des mondanités bien convenues. M.A.S.H. marquait aussi le retour en grâce des États-Unis, dont la dernière Palme remontait à 1957 (La loi du seigneur de William Wyler). Vous avez dit politique ?