L’effrontée
Le 17 novembre 2004
Comment d’une fille-cactus éclôt une fleur de douceur. Un roman plein d’impertinence, juste et drôle.
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Comment d’une fille-cactus éclôt une fleur de douceur. Un roman plein d’impertinence, juste et drôle.
Quelle que soit la tranche d’âge à laquelle il s’adresse, le grand talent de Cédric Erard est celui du parler juste. On a connu Balthazar tout gamin puis dans les affres de l’adolescence (J’ai pas sommeil). Aujourd’hui, il ne passe qu’en comparse dans ces Mémoires d’une sale gosse, oui, une fille. Et une fois de plus, le charme opère. Un charme plutôt décoiffant car Jeanne est la chieuse des chieuses, une tête à claque de première, elle le reconnaît elle-même. Mais c’est qu’elle a fort à faire, et ceci depuis qu’elle est toute petite, en fait depuis la naissance de son frère : tout mettre en œuvre pour ne pas devenir semblable à ses parents. Vaste programme qui la mène sur les chemins de l’insoumission la plus énergique, car elle est déterminée, la bougresse. Adolescente difficile, certes, mais ô combien attachante, et dont on ne peut que comprendre le combat, même si le choix des armes porte parfois à sourire (pour les grands qui se souviendront d’avoir vécu les mêmes tourments).
Son exagération verbale, qu’elle livre à son journal dans un style percutant, mêle la mauvaise foi la plus crasse et l’absolue résolution à atteindre le but fixé : grandir, c’est inéluctable, mais devenir timorée, névrosée, plan-plan et compagnie, tout mais pas ça. Oui, mais... Il ne faut pas oublier que le propre des jeunes filles est de rêver. Alors à quoi rêve Jeanne, derrière sa carapace de cactus hérissé de piquants ? A la douceur. Et de la douceur à l’amour, il n’y a qu’un tout petit pas. Qu’elle franchira, se libérant de sa hargne. Classique, me direz-vous. Classique peut-être, mais pas convenu, tant Cédric Érard sait mettre dans la bouche de son héroïne les mots qui disent cette traversée des ans inconfortable, houleuse, et, scintillant au bout de ce tunnel, l’exquise lumière d’un premier amour.
L’extrait Pendant trois semaines, j’ai donc, selon mes humeurs, fait la bécasse affolée, le teckel complexé, la guenon hystérique, mais aussi l’oie, l’hippopotame, la dinde, le scarabée, le cloporte, le ver de terre, le kangourou, la morue, King-Kong, et même Tarzan quand il pousse son cri pour appeler tous les animaux de la jungle. Celui-là, je m’en servais exclusivement pour dire bonjour, le matin, en descendant prendre le petit déjeuner. Deux fois, papa a renversé son café sur sa cravate toute propre. Il était en colère, et, pour le coup, j’ai trouvé qu’il avait plutôt de quoi. |
Cédric Érard, Mémoires d’une sale gosse, L’école des loisirs, coll. "Médium", 2004, 124 pages, 8,50 €
À partir de 12 ans
Galerie photos
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