Sous le voile...
Le 6 juillet 2023
Prix du jury à Cannes, un petit bijou drôle et sensible, visuellement très abouti. Une œuvre profondément originale, universelle et humaniste, dans la lignée des grands maîtres iraniens.
- Réalisateurs : Marjane Satrapi - Vincent Paronnaud
- Genre : Biopic, Animation
- Nationalité : Français
- Distributeur : Diaphana Distribution, StudioCanal
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 18 mai 2024 21:00
- Chaîne : OCS Pulp
- Reprise: 26 juillet 2023
- Box-office : 1 208 421 entrées France / 446 203 entrées Paris Périphérie
- Date de sortie : 27 juin 2007
- Festival : Festival de Cannes 2007, Sélection officielle Cannes 2007 (en compétition)
– Reprise en version restaurée : 26 juillet 2023
– Voix françaises : Danielle Darrieux, Catherine Deneuve, Simon Abkarian, Chiara Mastroianni
Résumé : Téhéran 1978 : Marjane, huit ans, songe à l’avenir et se rêve en prophète sauvant le monde. Choyée par des parents modernes et cultivés, particulièrement liée à sa grand-mère, elle suit avec exaltation les événements qui vont mener à la révolution et provoquer la chute du régime du shah. Avec l’instauration de la république islamique débute le temps des "commissaires de la révolution" qui contrôlent tenues et comportements. Marjane, qui doit porter le voile, se rêve désormais en révolutionnaire. Bientôt, la guerre contre l’Irak entraîne bombardements, privations, et disparitions de proches. La répression intérieure devient chaque jour plus sévère. Dans un contexte de plus en plus pénible, sa langue bien pendue et ses positions rebelles deviennent problématiques. Ses parents décident alors de l’envoyer en Autriche pour la protéger. A Vienne, Marjane vit à quatorze ans sa deuxième révolution : l’adolescence, la liberté, les vertiges de l’amour mais aussi l’exil, la solitude et la différence.
Critique : Présenté à Cannes en sélection officielle 2007, Persepolis est reparti avec un très mérité Prix du jury. On aurait même pu espérer plus pour cette œuvre originale, d’une extrême richesse graphique, thématique, émotionnelle.
Adaptation de la bande dessinée éponyme de Marjane Satrapi [1], le film évoque l’histoire récente de l’Iran à travers les yeux de Marjane elle-même, qui puise dans sa vie pour évoquer l’amour de son pays et des Iraniens. Se concentrant sur quelques membres de sa famille et, plus encore, son propre ressenti, la jeune femme, associée à Vincent Paronnaud [2] n’en livre pas moins une œuvre intemporelle et universelle.
- © 2023 Studiocanal. Tous droits réservés.
Dans l’évocation d’un régime dictatorial d’abord. Pas de doute, on ne peut que reconnaître l’Iran, les femmes contraintes de sortir voilées, la menace permanente de l’État, représentée par les gardiens de la Révolution... Pourtant, on sent que c’est aussi bien dans l’Italie fasciste que dans l’actuelle Chine que des événements semblables pourraient se dérouler.
Universalité visuelle également car si Marjane Satrapi possède un coup de crayon bien à elle, très expressif, elle puise à toutes sortes de sources pour alimenter son graphisme. L’expressionnisme de Munch, Otto Dix et, de manière plus diffuse, Murnau, est convié ; on croit déceler des références aux estampes japonaises quand la manière de croquer les scènes rappelle le néoréalisme italien... Universalité de l’œuvre donc.
- © 2023 Studiocanal. Tous droits réservés.
Ce qui n’empêche nullement l’évocation tout en finesse, extrêmement sensible, mais sans sentimentalisme, des difficultés qui la touchent au plus près (la répression, la guerre, la séparation d’avec les êtres les plus chers, la dépression et, plus tard, les douleurs provoquées par l’exil, filigrane du récit). Émotions réelles et fortes (on retient bien souvent ses larmes), mais toujours désamorcées par un solide sens de l’humour, tant dans les situations que dans la peinture de personnages extrêmement attachants et au caractère bien trempé (et idéalement doublés). Qui nous invitent à élargir notre regard sur un peuple trop longtemps ignoré et méprisé, à force de recourir à ce qui nourrit les dictatures : la généralisation qui découle de l’ignorance.
Subjectif et universel, sensible et profond, d’une grande force et ouvrant de multiples pistes, Persepolis fait sans cesse le pari de l’intelligence et de la dignité. Gagné, haut la main !
[1] publiée entre 2000 et 2003, par L’Association, elle ressort en 2007en un seul volume, plus économique, chez le même éditeur
[2] lui-même auteur de bandes dessinées, sous le pseudonyme de Winshluss
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tymo 1er juillet 2007
Persepolis - Marjane Satrapi, Vincent Paronnaud - critique
La présentation du film est super complete, il n’y a en fait rien a ajouter. Néanmoins, je ne puis m’empecher de dire à mon tour tellement j’etais enchanté à la sortie du film.
C’est a mon avis (depuis la disparition d’irina palm) le truc a voir au cinema en ce moment.
C’est le total package : tout d’abord le graphisme tout simplement incroyable, ensuite le coté historique tres riche en enseignements et surtout subtilement traité et enfin l’histoire à la fois super emouvante et drole (surtout quand on sait que c’est autobiographique).
Il est imperatif de ne pas passer à coté de ce film d’animation.
Norman06 26 avril 2009
Persepolis - Marjane Satrapi, Vincent Paronnaud - critique
Très beau (et bon) film d’animation. Scénario captivant et émouvant, graphisme d’une beauté sombre, message humaniste, voix merveilleuses (mention à Danielle Darrieux).