Le 22 juillet 2025
Un récit original sur une difficile relation père-fils, qui parvient à déjouer les attentes, tout en dénotant une réelle élégance de style.
- Réalisateur : Qiu Sheng
- Acteurs : Yang Song, Ning Sun
- Genre : Drame, Teen movie, Film de sport, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français, Chinois
- Distributeur : New Story
- Durée : 1h49mn
- Date de sortie : 23 juillet 2025
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Qiao, dix-huit ans, vient de terminer ses examens d’entrée à l’université lorsqu’il apprend la mort de son père, un homme brutal et secret, qui lui a légué sa passion pour la boxe. Des années plus tard, devenu ingénieur, Qiao développe un logiciel d’entraînement de boxe utilisant l’intelligence artificielle. Il modélise un adversaire virtuel reprenant les traits de son père, qui bientôt lui échappe...
Critique : Réalisateur chinois, Qiu Sheng avait étudié l’ingénierie médicale, avant de s’orienter vers le cinéma. Son premier long métrage, Suburban Birds (2018), présenté au Festival de Locarno, est inédit en France. Après un court, Helix (2021), il revient avec ce récit prenant, inspiré en partie de souvenirs autobiographiques. Qiao est un jeune étudiant qui apprend la mort de son père, atteint d’un cancer. Lors des obsèques, on lui demande de lire une oraison funèbre qu’il vient de découvrir. Hésitant et visiblement ému et gêné, le jeune homme quitte précipitamment les lieux et erre dans la ville. Une expérience presque similaire était arrivée au réalisateur, qui a par la suite tenu à en faire la trame d’un scénario de film. Par ailleurs, Qiu Sheng avait entendu parler d’une femme qui avait souhaité recréer par intelligence artificielle l’image de sa petite fille décédée. Cet élément est à la base de la dernière partie du synopsis, axée sur la mémoire du père et la volonté de le recréer pour crever l’abcès d’un trauma persistant. Entre ces deux segments, le film propose un long flash-back dont les différents segments sont introduits par des phrases extraites du texte que Qiao devait lire à l’enterrement.

- © 2025 New Story. Tous droits réservés.
Et nous voilà plongés dans son enfance et l’évocation des rapports difficiles avec un père impulsif, violent et passionné de boxe, voulant à tout prix transmettre à son fils la technique de ce sport. De Padre padrone des frères Taviani à Dogman de Luc Besson, les films sur les relations violentes entre père et fils ont été multiples, et My Father’s Son parvient à trouver sa voie, évitant tous les pièges du sujet. Le découpage du récit est pertinent, avec une narration tantôt elliptique tantôt explicative, qui parvient constamment à déjouer le prévisible, même si le synopsis officiel proposé par le distributeur New Story en dit un peu trop… La mise en scène est élégante et fluide, avec un beau travail plastique, dû notamment à une photo parvenant à jouer des contrastes. Le cinéaste précise ainsi dans le dossier de presse, à propos de sa collaboration avec le chef opérateur Zhang Jiahao : « Nous avons établi certaines règles visuelles pour différencier le passé et le futur : le passé devait apparaître plus naturel, tandis que le futur devait être plus artificiel. Pour les scènes du passé, nous avons exclusivement utilisé la lumière naturelle ou les sources lumineuses déjà présentes dans le décor. »

- © 2025 New Story. Tous droits réservés.
Enfin, la réflexion sur le recours à l’IA et le monde virtuel ne tombe jamais dans les propos communs maintes fois entendus depuis quelques années et s’effectue en outre dans le cadre du recours à une technique prenante pour certaines séquences emblématiques. Et le réalisateur d’expliquer à cet effet : « Initialement, nous avions envisagé d’utiliser une véritable caméra de réalité virtuelle (VR), mais nous nous sommes rapidement aperçus qu’elle était trop encombrante et incapable de produire l’effet recherché. Nous avons donc choisi une petite caméra équipée d’un objectif fisheye, que nous avons fixée sur la veste de l’acteur, près de son visage. Cette configuration permettait à la caméra de suivre les mouvements de l’acteur, créant une sensation proche de l’expérience sensorielle d’un combat de boxe en réalité virtuelle. » Ce long métrage insolite, nuancé et ambigu mérite donc un détour, et il n’est pas superflu d’ajouter le jeu intense des deux interprètes, à savoir Ning Sun et, dans le rôle du père, Yang Song (également à l’affiche d’Escape from the 21st Century). On regrettera juste les passages concernant la grossesse de l’épouse de Qiao, dont le symbolisme est un peu appuyé, ainsi qu’un dénouement qui pourra laisser sur sa faim. Ces quelques réserves entravent peu la réussite de l’ensemble.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.



















