New World - la critique du film

New world est reparti du festival du film policier de Beaune avec un prix du jury en poche. Pas étonnant pour ce polar sud coréen à la caméra et au scénario si brillamment maîtrisés.

L’argument : Suite au décès du patron de Gold Moon, le plus important syndicat du crime en Corée du Sud, une bataille de succession fait rage entre Jung Chung, le numéro 2 au sein de l’organisation, et Lee Joong-gu, le numéro 3. Afin de surveiller et de contrôler cette transition, la police met en place l’opération “New World” et fait appel pour cela à Lee Ja-sung, un officier infiltré depuis de nombreuses années dans le syndicat. Mais alors, à la police ou à l’organisation criminelle, à qui Lee Ja-sung doit-il finalement sa loyauté ?

Notre avis : Le réalisateur sud-coréen Park Hoon-jung débute sa carrière cinématographique en signant les scénarii de The Unjust (Seung-wan Ryoo) et du très remarqué J’ai rencontré le diable (Kim Jee-woon) en 2010. Il passe pour la première fois derrière la caméra un an plus tard avec The showdown, un film d’action en costumes qui situe son intrigue au coeur de la guerre qui oppose la Chine à la Corée au 17ème siècle.
Park Hoon-jung change complètement de cap avec New World pour s’immiscer au plus près du syndicat du crime sud-coréen bâti autour d’hommes de l’ombre aussi puissants que dangereux. Avec une mise en scène élégante comme les costumes trois pièces des puissants mafieux, ce polar concentre son intrigue autour de la succession du nouveau boss de Gold Moon, la plus grande organisation criminelle du pays. La police met alors en place l’opération "New World" dans le but de surveiller cette transition qui s’annonce compliquée grâce à un agent infiltré. Entre les deux légataires favoris, Jung Chung (Hwang Jung-min) et Lee Joong-gu (Park Sung-woong), la rivalité bat son plein. Pour mettre toutes les chances de chaque côté, chantage, trahison, imbroglio et coups de Trafalgar viendront apporter leur lot de rebondissements à double tranchant.

Le fabuleux Choi Min-sik connu pour des rôles aussi marquants que le personnage principal du film choc Old Boy signé Park Chan-wook ou encore du tueur en série sadique de J’ai rencontré le diable, interprète ici le détective Kang, tête pensante de l’opération "New World". Il va régulièrement réclamer des informations et donner ses instructions à Lee Ja-sung (Lee Jung-jae) son agent infiltré depuis plusieurs années au sein de l’organisation. Ce dernier se retrouve confronté a un climat de plus en plus tendu et dangereux. Par peur d’être découvert et craignant pour sa vie, il s’en remet à son supérieur qui ne l’entend cependant pas de cette oreille et en fin manipulateur le somme de continuer coûte que coûte sa mission en ayant recours au chantage. Pris dans la tourmente Lee Ja-sung qui entretient une forte relation avec Jung Chung, l’un des successeurs potentiels, se sent de plus en plus isolé de sa hiérarchie.

C’est sur cette trame et ces éléments qui nous évoquent instinctivement l’excellent Infernal affairs du duo hongkongais Alan Mak et Wai Keung Lau (2004) qu’un prodigieux jeu d’échec méthodique se met en place afin de faire tomber chaque pièce une à une jusqu’à un dénouement final impressionnant. Celui-ci intervient après moults retournements de situation qui ne manqueront pas de faire couler quelques sueurs froides aux spectateurs. Là ou le film parvient également à surprendre, c’est lorsqu’il se met à flouter de manière très subtile les figures préétablies du bien et du mal (Park Hoon-jung nous fait en effet très vite passer au dessus des notions archétypales d’usage tel que les bons flics d’un côté et les mauvais gangsters de l’autre). Si le sang n’est pas déversé par litre à l’écran, le film de Park Hoon-jung propose tout de même quelques scènes à la violence excessive que celui-ci se charge de sublimer pour les rendre très fortes à l’écran (le sort réservé à une taupe, les deux clans qui s’affrontent furieusement aux poings et à l’arme blanche).
Pour conclure, New World s’inscrit dans la lignée de ces polars asiatiques au suspense étourdissant porté de bout en bout par un scénario brillant. Cette réflexion non dissimulée sur l’isolement shootée avec style rassemble tous les ingrédients pour tenir en haleine les amateurs de polar mafieux les plus exigeants.