Le 23 septembre 2025
Le portrait captivant d’un jeune homme tourmenté, entre conscience religieuse, tentation du nationalisme et affirmation de ses sentiments. Une belle réussite.
- Réalisateur : George Sikharulidze
- Acteurs : Ia Sukhitashvili, Data Chachua, Malkhaz Abuladze, Salome Gelenidze, Maia Gelovani, Andro Japaridze
- Genre : Drame, Teen movie
- Nationalité : Français, Italien, Roumain, Géorgien
- Distributeur : Alchimistes Films
- Durée : 1h35mn
- Titre original : Panoptikoni
- Date de sortie : 24 septembre 2025
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Résumé : Lorsque le père de Sandro décide de devenir moine orthodoxe, l’adolescent introverti se retrouve livré à lui-même. Il se débat au quotidien pour faire coexister son devoir envers Dieu, son besoin d’amour et son idée de la virilité... Mais comment trouver sa place quand on est sans repère dans une Georgie post-soviétique à la fois si turbulente et si pieuse ?
Critique : Réalisateur géorgien-américain, George Sikharuze a enseigné l’écriture de scénario et la réalisation aux Universités de New York et Columbia, avant d’être professeur associé de cinéma à l’Université de Notre-Dame (Indiana). Panopticon est son premier long métrage, développé notamment à la Résidence de la Cinéfondation du Festival de Cannes. Sandro est un jeune Georgien de dix-sept ans, qui vit seul avec sa grand-mère dont il doit s’occuper. En effet, sa mère est partie aux États-Unis pour subvenir aux besoins de la famille, tandis que son père vient de lui annoncer qu’il compte intégrer un monastère. Cette situation pèse au jeune homme, qui tente toutefois de mener une activité équilibrée entre ses études, sa petite amie et ses potes d’un club sportif. Le titre du film fait référence au dispositif d’observation des détenus imaginé par le philosophe utilitariste Jeremy Bentham à la fin du XVIIIe siècle. Le cinéaste précise ainsi dans le dossier de presse : « Lorsque j’ai découvert la conception architecturale du panoptique par Jeremy Bentham, j’ai immédiatement trouvé cela très intéressant, cette structure circulaire qu’il conçoit pour une prison, avec une tour de surveillance au centre. Dans ce système, peu importe qu’il y ait un observateur dans la tour, le comportement des prisonniers est influencé, qu’il soit présent ou non. Comme les prisonniers ne savent pas s’ils sont vus, ils supposent qu’ils le sont en permanence. C’était une idée incroyable afin d’exercer un pouvoir sur un corps, sur un individu, sans être présent. »

- © 2025 Les Alchimistes. Tous droits réservés.
Métaphore de toute société où les individus se sentent en permanence soumis à un contrôle social, qu’il soit politique, religieux ou familial, le panoptique se trouve donc en amont de la narration. Mais nulle approche cérébrale dans ce film très vif et charnel, même si l’on s’y réfère aussi à Foucault au détour d’une séquence. Le cinéaste a voulu développer un récit plus ou moins autobiographique, et témoigner d’un certain état de son pays natal ; et s’il a passé sa jeunesse dans les années 2000, soit vingt ans avant celle de son protagoniste, il a pu s’inspirer de témoignages d’adolescents géorgiens d’aujourd’hui. Sandro est emblématique de cette jeunesse qui reçoit des messages et injonctions contradictoires. À un âge où il doit passer à l’âge adulte, de multiples oppositions l’importunent. Son père ne le trouve pas assez pieux, et estime qu’il mène une vie trop frivole et relâchée, quand sa petite fiancée le trouve trop prude et coincé. Il subit les sarcasmes d’un compagnon de sport, qui le juge trop faible et peu fiable, quand un autre camarade le met en garde contre son tempérament impulsif.

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Le portrait de Sandro est véritablement réussi, et le jeune acteur Data Chachua, au jeu à la fois sobre et expressif, lui confère une plus-value précieuse. Son personnage évoque par instants celui du lycéen intégriste dans Le disciple de Kirill Serebrennikov ou, à un moindre degré, celui de l’adolescent dans Un jeune chaman de Lkhagvadulam Purev-Ochir. Les séquences les plus touchantes cernant ses hésitations sont ainsi celles filmant ses rencontres avec Natalia (excellente Ia Sukhitashvili), la mère d’un copain : une relation qui paraît amicale, filiale et sexuelle, mais qui ne comporte pas en globalité ces dimensions, et dont deux scènes feront songer au Mari de la coiffeuse de Patrice Leconte, même si le réalisateur préfère incruster dans son film l’extrait d’une œuvre clef de la Nouvelle vague, à savoir Les 400 coups de Truffaut. Classique dans sa forme (mais nullement académique), Panopticon est réellement attachant et l’on attend avec impatience le second long métrage d’un réalisateur plus que prometteur.
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