Le 13 février 2018
Les nouveaux pirates du Web et leur conception de la liberté d’expression. Mais trop souvent, la barque chavire.
- Genre : Théâtre (spectacles)
- Plus d'informations : Le site officiel du collectif
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Résumé : Le « Pavillon Noir » était le drapeau hissé sur les vaisseaux pirates des XVIIe et XVIIIe siècles, généralement orné d’un crâne et de tibias croisés, pour effrayer l’ennemi. En réalité, ces bateaux pirates constituaient un mode d’organisation beaucoup plus égalitaire que nous l’imaginons : élection et éviction du capitaine décidées par tous, redistribution du butin et des biens de manière égalitaire, usage avant l’heure d’une caisse commune de sécurité sociale ; chacun y avait son mot à dire ! Qu’est-ce que la piraterie aujourd’hui ? Que ferait un groupe de pirates dans notre société pour essayer de la transformer ? Les deux collectifs se sont intéressés aux grandes figures de la sphère internet, du type lanceurs d’alerte qui contribuent à faire de cet espace un véritable territoire d’émancipation politique. Mais à l’heure de la surveillance de masse, du recul des libertés individuelles, peut-on vraiment encore considérer les sociétés occidentales comme des démocraties ? Ces seize jeunes artistes souhaitent porter cette question sur scène et nous offrent une grande création collective où personnages et époques se confrontent. Où l’écriture influence le plateau et réciproquement.
Pavillon Noir exhibe fièrement ses haubans de pièce engagée, à travers la mise en scène de flibustiers du numérique, épris de justice et d’égalité. Lointains épigones des forbans d’autrefois qui se répartissaient les butins à parts égales, ces nouveaux militants du net conçoivent l’espace virtuel comme le terrain d’un réseau horizontal où le partage des richesses -matérielles ou immatérielles- ne profiterait pas à une seule oligarchie. Au sein même de cette sphère numérique, défilent donc des figures médiatiques de la sédition, incarnées ou suggérés : Anonymous, WikiLeaks, Snowden ou Manning.
Le pitch de cette création, conjointement orchestrée par les collectifs O’So et Traverse, séduira immédiatement le public inquiet des dérives sécuritaires, constatées dans nos sociétés occidentales, sous prétexte de lutte contre le terrorisme. C’est l’objet d’une des situations -la pièce en présente un certain nombre : trois jeunes militants, sympathisants des Zadistes, sont la proie des forces de l’ordre, il plane dans l’air du post 13 novembre une odeur de paranoïa et d’assignations à résidence.
Malheureusement, à ces intentions généreuses, servies par la conviction des jeunes acteurs, il aurait fallu un texte plus consistant, qui, puisant dans l’immanence des situations, évite que les répliques ne fassent doublon, pour nous en livrer le sous-titre, façon "prêt à penser". Ce regrettable réflexe, maintes fois observé dans un certain théâtre dit "militant", consistant à transmettre, sous la forme de personnages symboles, la clef du sens, à travers des situations qui en sont déjà saturées. Vers la fin de la représentation, on se s’étonne pas que chaque acteur devienne le slogan de son propre message, puisqu’il ne paraît pas que le spectateur soit suffisamment émancipé pour accomplir la jonction entre ce qu’il voit et ce qu’il pense.
La pièce est meilleure quand enfin les personnages se taisent, qu’ils orchestrent magnifiquement, dans des chorégraphies inspirées, le combat des méta-données et des internautes épris d’anonymat. A ce moment, la représentation touche une sorte de grâce à la fois formelle et démocratique, qui nous repose des intentions lourdement démonstratives de l’ensemble.
Du 13 au 17 février à Tours (37). Phénix de Valenciennes les 21 et 22 fév ; Scène nationale d’Aubusson le 6 mars ; Les 3 Arches de Brive le 8 mars ; Espace 1789 à Saint-Ouen le 13 mars ; Le Canal à Redon le 15 mars ; TU de Nantes du 20 au 22 mars ; Scène nationale d’Annecy les 27 et 28 mars ; Agora de Boulazac le 3 avril ; Scène nationale Sud-Aquitaine les 5 et 6 avril ; Avant-Scène à Cognac le 24 avril ; Le Champ de Foire à St-André-de-Cubzac le 3 mai ; Scène nationale de Saint-Quentin-en-Yvelines les 10 et 11 mai
Galerie Photos
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