Le 1er juillet 2025
Cette parodie des films d’espionnage d’aventure à la James Bond désarçonne autant qu’elle reste gravée longtemps dans la mémoire, tant l’inventivité et l’originalité sont à leur comble. Franchement, un film détonnant.


- Réalisateurs : Hélène Cattet - Bruno Forzani
- Acteurs : Koen De Bouw, Maria de Medeiros, Fabio Testi, Yannick Renier, Mariana Camara
- Genre : Comédie dramatique, Action, Thriller, Espionnage
- Nationalité : Français, Italien, Belge, Luxembourgeois
- Distributeur : UFO Distribution
- Durée : 1h27mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 25 juin 2025
- Festival : NIFFF 2024, Festival de Berlin 2025

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Résumé : John D, un espion septuagénaire à la retraite résidant dans un luxueux hôtel de la Côte d’Azur, est fasciné par sa nouvelle voisine qui lui rappelle l’époque vibrante de la région dans les années 1960. Lorsqu’elle disparaît sans laisser de traces, John est forcé d’affronter ses démons passés.
Critique : L’activité de critique de cinéma relève parfois de la prouesse, surtout quand le film dont il s’agit de vanter les mérites est absolument irracontable. Dit autrement, voilà une œuvre qui n’a aucune autre fonction que celle d’être regardée au cinéma et mise en discussion à la sortie de la salle. Reflet dans un diamant mort est un long-métrage belge avant tout, tant on ressent dans la manière de raconter des histoires et confondre la réalité et la fiction, les vertiges et ricanements cruels de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde dans l’irrésistible C’est arrivé près de chez vous. Les deux cinéastes s’emparent du mythe des James Bond dans la personne d’un agent secret vieillissant, qui ne paye pas ses notes d’hôtel et espère retrouver les diamants qui lui ont été dérobés par la maléfique Serpentick.
L’hémoglobine et la violence sont permanents, mais il ne faut pas être devin pour comprendre la théâtralité, le détournement de la fiction dans une savante réflexion sur l’art du cinéma. Le délire des deux réalisateurs est sans limite ; et pourtant, la fiction retombe sur ses pieds par enchantement, comme si Bruno Forzani et Hélène Cattet avaient à nous dire que le septième art est capable de toutes les prouesses. Les cinéastes égarent volontairement leurs spectateurs dans un brouhaha psychédélique où l’attention aux sons et images est majeur. Il y a même des tentations d’approcher le cinéma expérimental dans l’usage de la photographie, mais le rire et le cynisme reprennent très vite leur place.
- Copyright UFO Distribution
Reflet dans un diamant mort demeure un film inclassable. Les époques se mélangent savamment, avec en contre-fond, une réflexion qui ne manque pas de punch sur la délicate question du vieillissement au cinéma, a fortiori quand on doit interpréter des agents secrets dynamiques et infatigables. L’inventivité et l’imagination des scénaristes et réalisateurs est bluffante, tant le récit emprunte des chemins impensables et incroyables pour parvenir à ses fins. Alors, de l’œuf, de la poule, le spectateur ne sait plus rien, sinon que le monde est bien fou, et qu’il faut une énergie considérable pour y trouver de la cohérence.
Il est probable que des spectateurs ressortent avec le sentiment de n’avoir rien compris du tout. Justement, l’enjeu est de se laisser embarquer dans ce remue-méninges extraordinaire où à la fois tout et rien font sens. Le débat sur la vraisemblance n’est pas de guise, et le récit joue avec l’art du caméléon, notamment à travers cette femme qui cache son visage et parvient à se draper dans mille et une figures rocambolesques.
- Copyright UFO Distribution
Il faut saluer l’impressionnant travail de costumes et maquillages mis en œuvre pour le film. Enfin, on revient aux bons effets spéciaux d’antan, très loin de la facilité offerte aujourd’hui par les images de synthèse et l’intelligence artificielle. Les très nombreuses tueries et empoignades des personnages ne seraient rien, sans ces peaux qui se décollent inlassablement du visage, à l’instar de nos vieux Mission : Impossible ou ces trous percés dans les corps par des armes d’une prodigieuse inventivité.
Bruno Forzani et Hélène Cattet réinventent un cinéma d’espionnage et d’aventure dans un genre truculent et débordant d’imagination. On se réjouit pour notre part qu’il y ait encore des producteurs et des distributeurs fous pour défendre des œuvres de cet acabit, où la réalité n’est jamais autant réelle que les rêves que les deux réalisateurs mettent en scène.
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