Ricky le survivant
Le 24 mai 2018
Furieusement gore, définitivement excessif, The Story of Ricky est assurément un nanar, mais totalement jubilatoire dans sa volonté manifeste de ne respecter aucune règle de bienséance.


- Réalisateur : Ngai Choi Lam
- Acteurs : Tetsuro Tamba, Siu-Wong Fan, Yukari Ôshima, Mei Sheng Fan, Kôichi Sugisaki
- Titre original : Lik wong / Riki-Oh : The Story of Ricky
- Genre : Arts martiaux - Combats , Direct-to-video (DTV) et VOD, Nanar, Trash, Gore
- Nationalité : Américain, Japonais, Hong-kongais
- Editeur vidéo : Metropolitan Video
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Durée : 1h31mn
L'argument : Riki-Oh Saiga, un jeune homme ayant des capacités surhumaines en arts martiaux est enfermé dans une prison tenue par des officiers corrompus. Il va donc utiliser ses dons en arts martiaux afin de nettoyer le système.
Notre avis : Au début des années 90, les censeurs chinois et japonais voient tout un pan de l’industrie cinématographique leur échapper, à savoir des œuvres qui ne passent pas devant leur commission et écopent donc d’un infamant Catégorie 3. Le tout premier long-métrage non érotique à subir cette catégorisation s’intitule The Story of Ricky (1991). Le film fut essentiellement condamné pour son déluge de violence gratuite, à tel point qu’il n’a pu sortir en salles que dans une poignée de pays. Toutefois, cela n’a nullement empêché cette folle adaptation d’un manga japonais de Tetsuya Saruwatari de devenir culte auprès d’un certain public déviant, amateur de nanar et de gore décomplexé.
Effectivement, pénétrer pour la première fois dans cette prison privée où est enfermé le jeune Ricky vaut son pesant de cacahuètes. Il y a clairement un avant et un après The Story of Ricky, que vous aimiez ou non le contenu de ce cartoon live complètement hors norme. Poussant tous les curseurs au maximum sans jamais s’inquiéter du bon goût, le réalisateur Ngai Choi Lam s’inscrit ici pleinement dans la mouvance d’un Peter Jackson ou des délires de la firme Troma. Les trentenaires pourront également retrouver un fort goût de Ken le survivant dans ce gros jeu vidéo fort ludique. Inutile de raconter l’histoire puisque le scénario tient en deux lignes, le but des auteurs étant avant tout de filmer les affrontements successifs entre Ricky et les membres d’une administration pénitentiaire corrompue. Car Story of Ricky est une œuvre à message. Si, si on vous assure ! Il s’agit de dénoncer l’emprise des firmes capitalistes sur la Chine à travers un portrait totalement caricatural des patrons à l’origine de la corruption du pays. Heureusement, le jeune Ricky, grâce à la sagesse ancestrale acquise auprès de son maître d’arts martiaux, va régler leur compte à ces êtres corrompus affaiblissant l’Asie.
Attention toutefois, la peinture des autorités tourne tellement à la caricature qu’il est difficile de prendre tout ceci au sérieux. Surjoué de manière démentielle par l’ensemble du casting, le film provoque l’hilarité à chaque instant. Les séquences les plus folles s’enchaînent à une vitesse grand V, grillant progressivement les quelques neurones qui étaient encore en activité dans notre cerveau. Le moindre combat donne lieu à des effusions de gore totalement absurdes, un poing peut ainsi faire éclater des têtes, tandis qu’un méchant se saisit de ses propres intestins pour agresser le pauvre Ricky. Et tout est à l’avenant dans ce qui devient un gigantesque cartoon. Mais contrairement aux premiers films de Peter Jackson qui montraient de belles dispositions dans l’art de la réalisation, Ngai Choi Lam multiplie les faux raccords tout en utilisant des angles de vue étranges dénonçant encore un peu plus la pauvreté du budget. Cheap, Story of Ricky l’est assurément. Nanardesque aussi. Mais finalement excessivement drôle dans sa volonté de bafouer toutes les règles du bon goût, comme si on avait laissé une caméra à portée de main d’un gosse mal élevé. Ce doigt d’honneur aux conventions cinématographiques les plus élémentaires fait toute la saveur de ce spectacle ô combien régressif. A réserver à un public averti.
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