Le 2 février 2025
Un monde violent constitue une sorte de balade désespérée de deux pieds nickelés, laquelle pourrait avoir de l’intérêt si elle n’était pas truffée de maladresses scénaristiques aussi nombreuses.


- Réalisateur : Maxime Caperan
- Acteurs : Kacey Mottet-Klein, Guillaume Verdier, Félix Maritaud, Olivia Côte, Bonnie Duvauchelle
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : UFO Distribution
- Durée : 1h25mn
- Date de sortie : 29 janvier 2025

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Résumé : Une nuit, en pleine campagne, deux frères braquent un camion de smartphones destinés à l’entrepôt où ils travaillent comme magasiniers. Sam, le cadet, y voit l’occasion d’échapper à une vie déjà écrite, de partir vite et loin. Paul, son aîné, est moins sûr de vouloir tout plaquer depuis qu’il a noué des sentiments pour Suzanne, leur complice. Au matin, le routier est retrouvé mort. Cet événement va chambouler leurs plans et les plonger dans une spirale de violence.
Critique : Le cinéma violent n’est pas un événement original sur nos écrans. Toutefois, cela demeure un art subtil qui mérite une grande précaution dans le scénario. Tout le contraire hélas de cette histoire bancale de deux frères qui accumulent contre-temps et malchances dans un "simple" braquage de téléphones portables qui cède au cauchemar. Un monde violent porte bien son nom. Là en effet où ces deux frères ambitionnent de s’évader en Thaïlande avec ces mobiles qu’ils ont dérobés dans un camion, les évènements plus tragiques les uns que les autres s’ensuivent avec leur lot de bastons, coups de feu et meurtres gratuits.
- Copyright UFO Distribution
Maxime Caperan réalise son premier long-métrage après s’être essayé au documentaire et aux courts-métrages. Il a été formé à l’art de la série à la FEMIS et, curieusement, réalise un film plutôt court, du moins qui va trop vite pour permettre au récit de prendre toute son épaisseur. La mise en scène multiplie en effet les séquences dramatiques, pour certaines absolument prévisibles et d’autres totalement hors sol. Le scénario aurait mérité de prendre le temps de faire connaissance avec ces deux frères, cette femme isolée dans une ferme avec sa fille. Au contraire, le récit se précipite et cumule les maladresses.
Le long-métrage s’ouvre sur un braquage de camion assez particulier, en pleine période des gilets jaunes. Les deux frères en effet aspergent la cabine du chauffeur d’un gaz hilarant pour dérober le véhicule et voler quelques kilomètres plus loin le contenu du poids lourd. Mais le braquage tourne au crime, mettant la gendarmerie immédiatement sur la piste des deux frères, l’un sortant de prison et l’autre ayant étrangement conseillé son frangin à l’entreprise de logistique, en dépit de son passé pénal. On imagine bien que les employeurs sécurisent le parcours de leurs salariés dans une telle boîte, ce qui n’est manifestement pas le cas ici. La vraisemblance pourtant doit demeurer le moteur principal d’une fiction qui prend le parti de la violence comme axe narratif. Hélas, tout le long-métrage est truffé d’erreurs de goût et de ficelles scénaristiques qui ne tiennent pas la route. On pense à cet hôpital psychiatrique dont on peut s’échapper par les sorties de secours dans les cuisines et où les soignants permettent à la famille de s’introduire dès six heures du matin !
- Copyright UFO Distribution
Le réalisateur tue le rythme trépidant de son propre film du fait de la succession de scènes absolument pas crédibles. Le spectateur en oublie presque l’intérêt de l’histoire, ne voyant plus que les fautes de style, là où le cinéaste aurait dû creuser la relation entre les deux frères. Les deux garçons s’épuisent dans une virilité stérile, face à des personnages féminins, sinon absents, en tout cas manquant sérieusement de hauteur d’esprit. On se demande d’ailleurs comment les trois acteurs principaux qui, il faut le dire, font au mieux, ont pu accepter de se livrer à une telle médiocrité de leurs personnages. Ainsi, Kacey Mottet-Klein, qui a été filmé si subtilement par André Téchiné, s’égare dans un personnage sombre, hanté par un vide sidéral, pendant que le magnifique Félix Maritaud fait disparaître son magnétisme dans un personnage gueulard et sans nuance.
Un monde violent n’aura pas permis à Kacey Mottet-Klein, Olivia Côte et Félix Maritaud de valoriser leur talent de comédien. On espère que le prochain long-métrage de Maxime Caperan saura prendre la mesure d’un scénario plus abouti, où les interprètes n’auront plus qu’à déployer leur créativité. Peut-être que la violence gratuite n’est pas forcément le meilleur des sujets dans un cinéma qui s’enlise parfois à répéter les mêmes recettes.
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