De l’éducation des jeunes filles
Le 12 avril 2005
L’éducation d’une jeune haïtienne, de la dentelle amidonnée à la convulsion des sens.
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Alice grandit dans une famille bourgeoise de Port-au-Prince. A la cuisine, elle écoute les histoires de Man Bo, qui l’a vue naître et lui parle d’un monde qui lui est interdit. Puis Alice se met à danser. Le grand écart et les pointes pour la façade, la transe vaudou comme un jardin secret, la forteresse de son âme, la honte, pour une jeune fille comme il faut.
A travers les événements des années quarante, la guerre, la commémoration de l’indépendance d’Haïti, Alice va faire son éducation en tentant d’échapper au carcan bourgeois. La danse va l’éveiller aux sens, la libérer de son milieu corseté et lui donner des ailes pour voir le monde.
Yannick Lahens est née en 1953 et compte aujourd’hui parmi les grands noms de la littérature haïtienne. Dans la maison du père est une peinture d’époque, une peinture sociale d’une société verrouillée, emprisonnée dans un cloisonnement de classes et de couleurs. La bourgeoisie n’est pas un vain mot dans un pays libéré par ses esclaves. Alice va plonger dans le ventre de Port-au-Prince, elle va apprendre le peuple que son éducation veut lui faire ignorer.
Mais si Yannick Lahens témoigne avec justesse, elle enferme son propos dans une écriture d’un classicisme empesé qui tranche avec la liberté qu’elle insuffle à son héroïne. Pas de fausse note ni de faute de goût. Le récit, linéaire, se déroule sans surprise et la violence de la danse ne contamine pas le verbe.
Dans la maison du père reste toutefois un vrai témoignage sur la société haïtienne et c’est déjà un mérite. Pour la révolution par l’écriture, il y a encore du chemin.
Yannick Lahens, Dans la maison du père, Le Serpent à plumes coll. "Motifs", 2005, 155 pages, 6 €
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