Le 19 juillet 2025
Les années 2000 entrent déjà dans la nostalgie avec cette charmante chronique autobiographique qui parvient à trouver sa voie en passant de la légèreté à la gravité.
- Réalisateur : Sean Wang
- Acteurs : Joan Chen, Izaac Wang, Shirley Chen, Chang Li Hua, Mahaela Park, Raul Dial, Aaron Chang, Chiron Cillia Denk
- Genre : Comédie dramatique, Teen movie
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Condor Distribution
- Durée : 1h33mn
- Date de sortie : 16 juillet 2025
- Festival : Festival de Sundance 2024
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Résumé : Californie, été 2008. À treize ans, Chris, alias Dìdi, grandit entre deux mondes. À la maison, on parle chinois, et on respecte les coutumes, sous la surveillance de Chungsing, la mère de famille ; dehors, c’est le royaume de la liberté, entre le skate, les potes et les premiers émois. Pour Chris, cet été sera celui de toutes les expériences, comme pour dire adieu à son enfance.
Critique : Dans les années 2000, maints films américains avaient proposé de singuliers portraits d’adolescents, de Donnie Darko de Richard Kelly à Paranoid Park de Gus Van Sant. Vingt ans plus tard, cette même décennie suscite déjà un cinéma nostalgique, en dépit du mal-être du personnage principal de Dìdi. Réalisée par un cinéaste qui fut adolescent à l’époque, l’œuvre devrait ravir certains trentenaires membres de la cible marketing des films indépendants estampillés « Sundance ». Elle a d’ailleurs remporté, lors de ce festival, le Prix du public dans la section U.S. Dramatic, en plus d’un Prix spécial du jury pour l’ensemble du casting. Il s’agit du premier long métrage de Sean Wang, qui comporte une forte charge autobiographique. Chris, un ado de treize ans, vit dans un foyer heureux mais dans lequel les chamailleries rythment le quotidien : les relations sont plus ou moins harmonieuses avec sa grande sœur, sa mère et sa grand-mère. La famille est taïwanaise, et Chris, surnommé Dìdi (« petit frère ») dans la cellule familiale, et Wang Wang par ses potes, est écartelé entre deux cultures. Il a le sentiment d’être perçu comme trop américain à la maison, et trop asiatique par ses amis, au point de s’inventer un statut de métis pour être intégré dans une bande de skateurs conviviaux mais quelque peu racistes…

- © 2024 Focus Features. Tous droits réservés.
Si Chris se sent donc en porte-à-faux quant à son statut culturel (sans toutefois éprouver les difficultés rencontrées par le protagoniste du Garçon d’honneur d’Ang Lee), il est de surcroît concerné par la période des doutes de l’adolescence, ainsi qu’une certaine « honte de classe », amplifiée par le fait que la famille dépend financièrement du père resté (ou retourné ?) au pays et que la mère, « artiste ratée » aux yeux du fils, ne cesse de citer en exemple un autre garçon, à la réussite scolaire et à l’intégration plus nettes. Sean Wang tente de reconstituer un certain état d’esprit de l’époque, dans lequel les réseaux sociaux numériques, alors balbutiant, commençaient à façonner les rituels de la jeunesse, entre MySpace et les débuts de Facebook. Et c’est dans ce contexte d’évolution technologique que Chris forge sa sociabilité adolescente, notamment pour ses premiers émois amoureux et ses premières… déconvenues.

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Le début du récit, qui opte pour un ton comique, ne laisse pas présager le meilleur, avec des personnages qui vocifèrent, un montage clip et une superficialité de teenage movie faisant songer à American Pie (en moins graveleux), La boum (Chang Li Hua succédant à Denise Grey) ou, un cran au-dessus, Les beaux gosses. Mais progressivement, le film gagne en profondeur, notamment dans le portrait plutôt réussi de la relation mère-fils, nourrie des souvenirs d’enfance et de jeunesse du réalisateur. Sans avoir l’intensité des Quatre cents coups, la gravité qu’emprunte le long métrage offre un beau moment de cinéma, amplifié par le jeu nuancé du jeune Izaac Wang et surtout de la grande Joan Chen. Cette actrice sino-américaine avait ravi les spectateurs des années 80 et 90 en incarnant Wang Jung dans Le dernier empereur et Josie Packard dans Twin Peaks. Elle obtient ici l’un de ses bons rôles de maturité. Dìdi est donc un premier film somme toute attachant, même s’il n’a pas l’audace ou la perfection d’autres œuvres ancrées dans le même registre.
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