Le 20 mai 2025
Entre hystérie et effets de style boursouflés, cet opus de Lynne Ramsay peine à convaincre, et n’est même pas sauvé par son duo de stars.
- Réalisateur : Lynne Ramsay
- Acteurs : Nick Nolte, Robert Pattinson, Jennifer Lawrence, Sissy Spacek, Lakeith Stanfield, Gabrielle Rose
- Genre : Drame
- Nationalité : Britannique, Canadien
- Distributeur : StudioCanal
- Durée : 1h58mn
- Festival : Festival de Cannes 2025
L'a vu
Veut le voir
– Festival de Cannes 2025 : Sélection officielle, En compétition
Résumé : Dans la campagne française, une femme se bat contre ses propres démons.

- © Festival de Cannes 2025
Critique : Adapté d’un ouvrage de l’écrivaine argentine Ariana Harwicz, Die, My Love est fidèle à l’univers de Lynne Ramsay, qui en a coécrit l’adaptation, avec Alice Birch. Depuis Ratcacher, la réalisatrice a filmé des situations familiales extrêmes, avec une prédilection pour la noirceur. Le deuil avait été au cœur du Voyage de Morvern Callar, quand We Need to Talk About Kevin se penchait sur le cas d’un ado pervers. Une tonalité de polar imprégnait ce film, que l’on retrouvait dans A Beautiful Day et, en filigrane, avec Die, My Love. Un couple d’écrivains en manque d’inspiration, Grace et Jackson, est installé dans une demeure de campagne héritée de l’oncle du mari, lequel oncle avait mis fin à ses jours. Parents d’un bébé de six mois, ils semblent en conflit permanent depuis sa naissance, mais sans doute leur mésentente remonte-t-elle à plusieurs années. C’est Grace qui semble la plus perturbée, et son mal-être va au-delà du simple baby blues : tendance à la mutilation, cris hystériques et urgences psychiatriques rythment son existence, au grand dam de Jackson.

- © 2025 Black Label Media. Tous droits réservés.
Le dérangement mental de la jeune femme fait donc écho au trouble qui pouvait agiter les personnages d’Ezra Miller ou de Joaquin Phoenix dans les deux films précédents, avec une charge de décibels supplémentaires. Le cynisme de Grace lors de réunions amicales ou mondaines qu’elle juge futiles ou hypocrites, et son aigreur face à la plupart des membres de son entourage en font une version jeune, blanche, et bourgeoise bohème de l’acariâtre protagoniste de Deux sœurs de Mike Leigh, sorti en salles quelques semaines avant la projection du film de Lynne Ramsay en compétition officielle au Festival de Cannes 2025. Le récit était séduisant sur le papier, le résultat n’est guère convaincant. Ramsay abuse de scènes répétitives, d’une vision à la fois aseptisée et excessive des relations humaines, et d’une joliesse esthétique plutôt convenue, qu’on ne saurait même pas assimiler à une tendance arty. Filmer l’hystérie et la névrose n’est pas un problème en soi, et beaucoup de cinéastes ont su nous éblouir avec ce canevas, de Paul Newman (De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites) à Xavier Dolan (Mommy) en passant, bien sûr par John Cassavetes (Une femme sous influence).

- © 2025 Black Label Media. Tous droits réservés.
Ici, tout n’est que bruit et vanité, et l’on ne peut même pas compter sur les acteurs principaux pour relever le niveau : on a connu Robert Pattinson plus convaincant, notamment chez Cronenberg ; et Jennifer Lawrence, en roues libres, n’a pas l’épaisseur d’une Scarlett Johansson ou d’une Jessica Chastain à qui le rôle aurait davantage convenu. On sauvera toutefois quelques cadrages impressionnants sur des paysages ruraux dont l’apparente quiétude semble cacher bien des turpitudes humaines ; et l’interprétation délicate de Sissy Spacek, dans le second rôle de la belle-mère bienveillante et rassurante, quand elle ne brandit pas un fusil face au moindre pas suspect dans sa maison… C’est peu pour compenser la fadeur d’une œuvre boursouflée certainement mineure dans la filmographie de la réalisatrice qui, n’en doutons pas, saura rebondir prochainement.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.


























