Le 15 août 2025
Inspiré de sorcellerie et de rites vaudou, cette drôle d’histoire de disparitions d’enfants pour le moins mystérieuses est une franche réussite.
- Réalisateur : Zach Cregger
- Acteurs : Josh Brolin, Alden Ehrenreich, June Diane Raphael, Julia Garner, Austin Abrams, Benedict Wong, Toby Huss , Amy Madigan, Cary Christopher
- Genre : Thriller, Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 2h08mn
- Titre original : Weapons
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
- Date de sortie : 6 août 2025
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Lorsque tous les enfants d’une même classe, à l’exception d’un, disparaissent mystérieusement la même nuit, à la même heure, la ville entière cherche à découvrir qui — ou quoi — est à l’origine de ce phénomène inexpliqué.
Critique : La séquence est saisissante. Des enfants, bras levés, foncent dans la nuit vers la forêt et disparaissent mystérieusement. Sauf que ces étranges disparitions ne concernent qu’une seule classe où un seul enfant a été préservé parmi les dix-huit élèves. La justice populaire s’emballe alors, faisant porter tous les soupçons vers l’institutrice, une jolie jeune femme, ravagée par l’alcoolisme et la solitude. Évanouis du comédien et réalisateur Zach Cregger réinvente un genre qui ne parvient que rarement à échapper aux poncifs du psychopathe allumé poursuivant ses victimes à travers la nuit. Ici, une majeure partie du propos consiste à mener l’enquête à partir du point de vue très éclectique de l’institutrice, d’un policier, d’un SDF, du chef d’établissement et du petit garçon survivant. Ainsi, les choses se déploient doucement mais sûrement jusqu’à cette fin aussi drôle qu’épique où la mort s’emballe.
On trouve beaucoup d’humour et d’espièglerie dans cette histoire baroque et sanguinaire. Zach Cregger est d’abord un humoriste, et sa mise en scène, volontairement sarcastique, ne se prive pas de drôleries. Le réalisateur se détourne avec joie des codes déjà bien installés du genre horrifique. Le spectateur ne doit pas s’attendre à une issue totalement normative. Au contraire, le récit donne la voix à un style déjanté, où tout se bouscule dans un micmac parfaitement surprenant. Évanouis s’affiche donc comme une œuvre du cinéma d’horreur qui fait la démonstration que la véritable horreur a peu à voir avec des fantômes, mais avec notre bonne société contemporaine qui n’hésite pas à braver les règles, les interdits pour se faire sa propre justice.

- Copyright Warner Bros. Pictures
Jusqu’à la dernière demi-heure, le scénario parvient à garder entier le mystère de ces disparitions suspectes. On reconnaît alors quelques allusions au clown machiavélique de Ça qui hante les rêves des jeunes enfants. Mais le cauchemar interpénètre le réel de ces personnages, tous aussi borderline les uns que les autres. Il y a d’abord cette institutrice qui confond son rôle d’éducatrice avec celui de confidente des enfants et ne met aucune limite entre son travail et sa vie privée. On voit aussi un policier aux méthodes plutôt anticonformistes, qui lutte contre son penchant alcoolique. Et apparaît également ce père de famille, assoiffé de vengeance, qui n’hésite pas à terroriser celles et ceux qu’il a désignés comme coupables. Nous voilà bien plongés dans une Amérique trumpiste où le populisme prend le pas sur la raison et les institutions. Tout le monde pète un câble dans cette ville moyenne qui sent la montée des extrémismes politiques face à ce qui est perçu comme un désengagement des institutions publiques.
Évanouis fera sans doute l’objet de réserves chez certains spectateurs qui trouveront que l’histoire n’a aucune ambition à épouvanter le public. La véritable puissance du propos se joue dans ces rapports sociaux entre des personnages qui essayent, chacun différemment des autres, de résoudre les mystères de cette disparition. Mais très vite, le récit s’engage dans des mythes très éprouvés au cinéma, à savoir la sorcellerie et les rites vaudou qui apportent alors au film une tonalité nouvelle et imprévue. Enfin, le spectateur en a pour son argent dans cette orgie de morts, de poursuites et de corps éventrés.

- Copyright Warner Bros. Pictures
Tout est bien qui finit mal dans cette histoire fantasque et pleine de rebondissements. Évanouis a d’émerveillant que rien n’est vraisemblable mais tout est crédible. On pense beaucoup au cinéma d’Ari Aster qui a réellement fait évoluer les lignes du cinéma d’horreur dans un genre moins hollywoodien que confidentiel. La critique sociétale est très vive dans le film de Zach Cregger qui se moque avec joie de la middle class américaine prête à tous les excès pour préserver sa vie quotidienne, sa grande baraque et son gros quatre-quatre. L’affiche ferait presque écho à Rencontres du troisième type de Spielberg ; toutefois, les véritables ennemis ne se situent pas dans le ciel mais dans la maison d’à côté où certains êtres perturbés s’adonnent à d’étranges rites.
Évanouis ne manquera pas de nourrir de longues discussions d’apprentis cinéastes dans les écoles de septième art. En mélangeant tous les genres, Zach Cregger revisite ses thèmes fétiches de Barbare (2022) avec les SDF, la drogue, les flics non conventionnels et le diable qui se drape dans la peau d’une femme mure, tout en ricanant allègrement des travers de la société américaine. Cela est évident : le cinéaste fait désormais partie des grands du cinéma d’épouvante.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.



















