Le monde selon Seidl
Le 4 septembre 2011
Un opus foudroyant qui méritait bien la Palme.


- Réalisateur : Ulrich Seidl
- Acteurs : Paul Hofmann, Ekateryna Rak
- Genre : Drame
- Nationalité : Autrichien
- Date de sortie : 7 janvier 2009
- Festival : Festival de Cannes 2007, Sélection officielle Cannes 2007 (en compétition)

Durée : 2h15mn
Un opus foudroyant qui méritait bien la Palme.
L’argument : Deux trajectoires évoluent dans des directions opposées. Olga, jeune infirmière ukrainienne, part à la recherche du bonheur à l’Ouest où elle devient femme de ménage dans un service gériatrique en Autriche. Paul était agent de sécurité à Vienne. Au chômage, il prend la route avec son beau-père vers l’Est, en direction de l’Ukraine. Deux destins de jeunes gens à la recherche d’une nouvelle chance, qui se voient confrontés à la réalité crue. Deux histoires sur la quête du bonheur et de l’argent, sur le côté effrayant de la sexualité, de la mort et sur l’art de brosser les dents d’un renard empaillé.
Notre avis : Sur plus de deux heures, Ulrich Seidl, réalisateur intransigeant de
Dog days, essentiellement connu pour ses documentaires, entremêle avec une audace
inouïe et une rigueur clinique des destins pathétiques et traite de son sujet
fétiche : la méchanceté des hommes gouvernée par des jalousies obscures et la
lutte pour la survie à travers deux personnages : une demoiselle qui fait les plus
vieux métiers du monde pour avoir une intégrité sociale et un jeune homme
sensible, flanqué d’un paternel vulgos, qui doit se confronter à tous les monstres
qui l’entourent.
Réfractaires à la neurasthénie, abstenez-vous. Les autres ? Succombez à cet
impressionnant vertige qui ne fait pas de cadeau, échappe à la complaisance (alors
qu’il est toujours à deux doigts de tomber dedans) et refuse toute larme de
crocodile. En dévoilant l’envers abject d’un décor autrichien que Seidl connaît
très bien (la médiocrité autrichienne était déjà célébrée dans son précédent long), le cinéaste lance un uppercut d’une force herculéenne. Qu’il
s’agisse de radiographier un hospice où les vieilles personnes alitées sont
considérées comme du bétail ou de montrer les restes d’une humanité perdue
(lorsqu’une mère et sa fille se prennent dans les bras ou se parlent au
téléphone), le film stimule l’affect lacrymal, dérange beaucoup, secoue en
possédant cette marque précieuse des œuvres uniques qui n’en finissent plus
d’agresser notre sage conscience. C’est rare. Une telle
intransigeance et une telle beauté tranchent avec le
tout-venant et concourent à rendre cette expérience inoubliable.
Galerie photos
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Frédéric Mignard 12 janvier 2009
Import/Export - La critique
Un diaporama un peu statique de scènes réalistes et crues qui plombent l’atmosphère. Du bon cinéma, certes, mais excèssivement monolithique.
On notera que l’affiche est un peu réductrice. Le sexe ne représente qu’un petit quart d’heure d’un film de plus de deux heures...
Norman06 29 avril 2009
Import/Export - La critique
Une description singulière de ces petits détails décalés (gestuelle, accessoires, vêtements) d’un monde faussement simple. Mais le cinéaste pourrait avec fierté revendiquer la filiation d’un Tati pour le cinéma classique et d’un Kaurismäki pour le contemporain. Il est en outre courageux dans sa volonté de filmer sans concessions des personnages et des situations qui suscitent d’ordinaire l’autocensure de ses pairs et le malaise du spectateur, sans sombrer dans le voyeurisme ou le sentimentalisme.