Le 4 août 2025
L’été de Jahia raconte le rude chemin de la demande d’asile à travers le portrait de deux adolescentes. Un film touchant qui donne soif en l’humanité.
- Réalisateur : Olivier Meys
- Acteurs : Céline Sallette, Sofiia Manousha, Noura Bance, Audrey Kouakou, Eugénie Anselin
- Genre : Drame, LGBTQIA+, Teen movie
- Nationalité : Français, Belge, Luxembourgeois
- Distributeur : Condor Distribution
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 6 août 2025
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Résumé : À quinze ans, Jahia a fui le Sahel en guerre en compagnie de sa mère. Tendue et déterminée, elle gère leur quotidien avec le sérieux d’un adulte. De son côté, Mila a quitté la Biélorussie, avec sa famille. Curieuse, insatiable, elle vit chaque jour comme une échappée belle. Cet été-là, par delà les différences, leurs solitudes se croisent. Entre elles naît une amitié rare, intense, comme une évidence dans un monde incertain. Mais le jour où Mila reçoit une obligation de quitter le territoire, ce qui semblait inébranlable menace soudain de voler en éclats.
Critique : On se souvient encore dans le récent Quiet Life du syndrome de résignation où un enfant plongeait dans un coma quasi irréversible à l’annonce de la demande d’asile refusée par les autorités à ses parents. C’est en partie le récit touchant de L’été de Jahia où une adolescente biélorusse cède au sommeil profond quand elle apprend que sa famille va être reconduite à la frontière. Le film se joue dans un centre belge pour demandeurs d’asile. Jahia y séjourne, le temps pour elle et sa mère de régulariser leur situation administrative. Les temps sont difficiles, entre l’implication à l’école, les troubles mentaux de sa maman, jusqu’à cette rencontre lumineuse avec Mila qui lui ouvre des perspectives de croire à nouveau en l’avenir.
Les films sur l’amitié sont nombreux mais cette fois Olivier Meys l’inclut dans la complexité des parcours de demande d’asile pour les réfugiés. Toute leur existence se joue dans l’espoir de ce papier qui leur permettra de survivre à la brutalité du pays d’origine et de se reconstruire. L’été de Jahia illustre bien ce temps suspendu pour une famille à l’attente de la réponse des autorités. Mais les choses ne se réduisent pas à cette dimension administrative : Jahia découvre l’amitié, la lumière du soleil qui se roule dans le lac, comme si, derrière ces quelques semaines, il lui était donné de renaître des cendres de sa vie. Mais parfois, les choses se complexifient d’une autre manière, même quand la réponse des autorités en faveur de la candidature à l’asile est favorable.

- Copyright 2025 Condor Distribution
Céline Sallette, trop rare au cinéma ces derniers temps, donne la réplique à deux jeunes actrices, Noura Bance et Sofiia Malovatska. Il y a quelque chose de très touchant de voir des interprètes grandir aux côtés de comédiennes plus confirmées. Céline Sallette incarne la directrice du centre, qui laisse les deux jeunes filles s’épanouir en tant qu’adolescentes qui attendent la décision administrative. La mise en scène d’Olivier Meys se veut très dépouillée, offrant un espace suffisant pour laisser les actrices donner vie à leurs émotions et leur cœur. D’ailleurs, les paysages où elles se promènent apportent au récit une intensité supplémentaire à leur relation qui approche le sentiment amoureux.
Mais Olivier Meys ne cède pas à la facilité du récit érotique. La beauté de la relation entre les deux adolescentes se joue dans des échanges d’une grande simplicité, d’une belle spontanéité. On regrettera toutefois une écriture qui cède parfois aux sirènes du mélodrame. La manière par exemple dont la mère bascule dans la maladie mentale n’est pas très proportionnée ; de même, les comportements de Jahia auprès de son amie enfoncée dans le coma flirtent avec une certaine maladresse. Mais le récit demeure, dans sa grande majorité, très attachant, avec des personnages remplis d’humanité, qui font la démonstration que la demande d’asile n’est jamais un vain mot pour celles et ceux qui quittent leur pays en guerre.

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L’été de Jahia ne se veut pas un film politique. À la limite, la question de l’asile est une opportunité pour le cinéaste des Fleurs amères de raconter le parcours initiatique de deux jeunes filles. Pourtant, Olivier Meys a démarré sa carrière dans le documentaire, ce qui lui apporte un regard tout à fait pertinent sur des enjeux d’actualité. Le film est une illustration très généreuse de la magie du lien interculturel. Il permet de penser dans nos temps troublés que l’humanité est capable de prendre de la hauteur sur les replis identitaires et se réinventer dans des histoires fécondes où dominent l’amitié et la solidarité.
La seule chose qui est certaine dans ce film demeure le fait que trop souvent les enfants sont entraînés dans des combats qui ne sont pas les leurs. Les parents des deux adolescentes ont fait le choix ou le non-choix de quitter leur pays d’origine et de solliciter l’asile. Le destin des enfants devrait alors se réduire à la scolarité ou leurs amourettes. C’est ce qu’entreprend Olivier Meys de montrer avec notamment le plus jeune garçon surpris à jouer avec des mannequins devant les yeux de Jahia, alors même que sa famille traverse les pires tourments. Aucune enfance ne devrait être sacrifiée sur l’échiquier malheureux du devenir des parents.
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