La sanction - Clint Eastwood - critique

Critique : La grande faiblesse de ce film d’espionnage réside dans l’invraisemblance de son scénario. On a tout de même du mal à croire que Clint Eastwood, qui joue un professeur d’histoire et collectionneur de tableaux de maître, puisse aussi incarner un tueur à la solde d’une société mystérieuse, travaillant pour le gouvernement américain.
Le fil conducteur, un microfilm qui contient des informations sur une arme bactériologique, n’a qu’un intérêt : faire s’affronter des espions qui se suppriment les uns les autres. Il s’agit d’un véritable "McGuffin" (prétexte scénaristique cher à Alfred Hitchcock).
Le film se partage en deux parties bien distinctes. La première, qui nous fait suivre l’entraînement du protagoniste dans les montagnes de l’Arizona, s’appesantit beaucoup sur les scènes d’alpinisme, mais a le mérite de nous gratifier de plans somptueux de Monument Valley (ce fut la dernière fois qu’une équipe de tournage eut l’autorisation d’escalader le Totem Pole, rocher ayant la forme d’un doigt levé vers le ciel). La seconde nous transporte en Suisse, pour nous faire suivre une ascension très dangereuse, où notre homme doit découvrir un espion assassin parmi les alpinistes.
Clint Eastwood, à sa bonne habitude, interprète un dur, peu bavard, mais aux répliques parfois cinglantes. Avec sa bonne dose d’humour, il réussit à rendre agréable son invraisemblable mission. Mais il y avait peut-être plus simple pour supprimer un espion, plutôt que d’escalader une montagne afin d’y arriver !
La mise en scène quelque peu lymphatique du réalisateur laisse à penser qu’il n’était pas très convaincu par cette histoire, dont le rôle principal devait initialement être interprété par Paul Newman.
A noter que le machisme assumé de ces messieurs, courant dans les années 70, paraît aujourd’hui plus daté que les pulls en licra et les cols "pelle à tarte", dont le film ne manque pas. C’est dire !