La tour de glace - Lucile Hadzihalilovic - critique

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Critique : Les prémices de La tour de glace annoncent un long-métrage passionnant. Dès les premières minutes, le travail sur la photo embarque le spectateur dans une ambiance à part, immédiatement agréable à l’œil, et qui diffuse habilement la dimension glaciale du récit. C’est surtout le travail des textures qui a de quoi réjouir. Restent en tête quelques plans d’orfèvre, comme ce gant moucheté de sang gelé par le froid, ou ces peaux dont le grain est sublimé par les flocons qui les effleurent. La perspective d’une mise en abîme, bien que vue à maintes reprises, avec l’éminente Marion Cotillard incarnant une interprète, est également porteuse d’espoir, d’autant que sa stature sert le rôle à merveille.

Pourtant, l’idée qu’un court métrage aurait largement et brillamment suffi se dessine assez vite, au gré des lenteurs d’un récit qui manque de rythme. Ce dernier souffre en effet d’une absence cruelle de surprise, le tout sur un chemin narratif tracé d’avance : tout dans cette relation actrice-figurante, dominante-dominée, s’anticipe avec aisance. Surtout, la dynamique de l’étrange entre les deux protagonistes semble forcée. Leur attirance mutuelle, ambivalente, n’a rien de bien naturel, et est encore alourdie par le jeu de Marion Cotillard, qui frôle la caricature, accentuant outre mesure le caractère ésotérique de son personnage. L’ensemble dégage l’impression d’un récit automatique et attendu.

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C’est un comble pour un long-métrage qui s’ouvre sur les multiples directions que prend la lumière dans la glace, qui auraient tenu lieu de métaphore parfaite à un scénario plus profond. Le grand final, lui, aurait pu proposer un implacable et glacial face à face entre ses deux personnages. Hélas, prévisible et maladroit, il engendre plus de malaise que d’admiration.

La direction artistique offre néanmoins un écrin élégant et travaillé qui permet de voir le film, mais La tour de glace se savoure mieux par morceaux choisis que d’une traite.