Le 25 avril 2025
Radical et sans concession, Le clan des bêtes plonge le spectateur dans l’enfer d’une humanité qui, pour de basses questions financières et matérielles, cède à l’animalité la plus totale. Une œuvre coup de poing.


- Réalisateur : Christopher Andrews
- Acteurs : Colm Meaney, Nora-Jane Noone, Christopher Abbott, Barry Keoghan, Paul Ready, Aaron Heffernan
- Genre : Drame, Thriller, Film animalier
- Nationalité : Britannique, Irlandais, Belge
- Distributeur : New Story
- Durée : 1h46mn
- Titre original : Bring Them Down
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
- Date de sortie : 23 avril 2025

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Résumé : Un berger irlandais est entraîné dans un conflit violent avec une ferme voisine, lorsque ses moutons sont attaqués par des inconnus...
Critique : Depuis le très récent film Bergers, personne ne doute plus de l’importance du troupeau pour un éleveur. En l’occurrence, au cœur même des montagnes irlandaises règne un drôle de mal où les brebis, quand elles ne sont pas dérobées pour être vendues à l’insu de leur propriétaire, subissent une découpe de leurs deux pattes arrière et sont laissées comme mortes au milieu des pâturages. Le clan des bêtes s’affiche comme un long-métrage qui hésite entre le thriller, le drame social, voire même le fantastique. Sommes-nous confrontés à un vague démon qui viendrait découper les pauvres animaux, ou plus simplement un homme jaloux du troupeau de son voisin ? Christopher Andrews ouvre peu à peu les réponses, dans ce drame sombre, où les hommes cèdent à une brutalité inouïe, qui les fait moins ressembler à des humains qu’à de piètres animaux, aveuglés par l’égoïsme et le manque d’empathie.
- Copyright Patrick Redmond
Le clan des bêtes est inspiré de l’enfance du réalisateur qui a été confronté aux luttes populistes entre les chrétiens et les protestants irlandais. Deux chefs de famille s’opposent dans un vague conflit où il est question d’orgueil, d’adultère et de matérialisme. Les hommes s’affichent dans un machisme aveugle qui s’étend jusqu’aux plus jeunes d’entre eux, en dépit des efforts désespérés des mères pour leur prodiguer une éducation susceptible de leur élever l’esprit. Mais le goût du pouvoir, le masculinisme bêta gagnent sur l’intelligence et entraînent une spirale de violence que plus rien n’empêche.
Le clan des bêtes est un film âpre et rugueux. Les couleurs ternes offrent au regard des spectateurs des paysages dévastés par la rudesse du temps. Chacun semble survivre dans un temps ancien, innommable, où les femmes sont rares et les rapports de force organisent la vie sociale. Cette vision du monde est très pessimiste ; elle s’incarne dans des personnages austères, peu communicants, dont la logique semble avoir été purgée de leur cerveau. Il n’y a pas de limite dans le crime et la violence, au point d’ailleurs que le réalisateur ne met jamais en scène de force policière, reléguant la justice à l’auto-régulation des habitants de ces plaines. Le patois cohabite avec un anglais médiocre, signe peut-être que la pensée et la culture se sont arrêtées aux portes de ces montagnes drapées de nuit.
- Copyright Patrick Redmond
Le clan des bêtes est le premier film d’un réalisateur de cinquante-quatre ans, aguerri à l’écriture scénaristique. On pressent pourtant une très grande maturité dans la mise en scène. Le film ne s’encombre d’aucune fioriture : il montre une réalité brute, pour ne pas dire brutale où les individus ont remplacé les mots par le réflexe de la violence gratuite. Les murs sont souillés d’un sang noir qui boucle d’ailleurs le récit. Et il y a cette musique très épurée, très distante, qui rythme l’effroi et la mécanique monstrueuse de ces gens écrasés par leurs pulsions.
Ce long métrage est effrayant, pour ne pas dire sidérant. Le spectateur ressort avec le sentiment d’une humanité qui se délite dans une animalité terrifiante. Il n’y a pas une génération pour rattraper l’autre. Seul espoir peut-être, la figure paternelle où tressaille, malgré l’austérité des paysages, une petite flamme optimiste en faveur d’un monde à venir où l’amour gagne sur la vengeance crue.
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