Le 23 août 2022
Une mise en scène trop statique ne restitue pas toute la mesure du roman de Simenon, malgré un casting de haut niveau.
- Réalisateur : Jean Becker
- Acteurs : Fanny Ardant, Gérard Depardieu, Benoît Poelvoorde, Didier Flamand, Fred Testot, Stéfi Celma, Anouk Grinberg
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 1h38mn
- Date télé : 31 mars 2023 20:58
- Chaîne : Canal+
- Date de sortie : 24 août 2022
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Résumé : Le portrait d’un monstre sacré, Jules Maugin, un acteur au sommet de sa gloire dans les années 70. Sous sa personnalité célèbre, l’intimité d’un homme se révèle.
Critique : En 1983, Jean Becker réalise L’été meurtrier, un drame vénéneux et torride qui connaît un succès considérable et est récompensé de quatre César, dont celui de la meilleure actrice pour Isabelle Adjani. Quelques décennies plus tard, le fils de Jacques Becker se fait le chantre de la comédie familiale pleine de bons sentiments et de belle nature. Une bouffée rafraîchissante pour les uns, une mièvrerie insupportable pour les autres. Néanmoins, d’Élisa à Dialogue avec mon jardinier en passant par Les enfants du marais, La tête en friche ou Effroyables jardins, le réalisateur se fraie un chemin jusqu’au cœur d’une grande partie du public. En 2018, Le collier rouge, une histoire d’amitié entre un soldat et son chien, manque singulièrement de mordant. En 2022, Les Volets verts n’ouvre guère la porte à davantage de dynamisme, malgré la présence, entre autres, d’un Depardieu qui, après Maigret (autre adaptation d’un roman de Simenon) puis Robuste, continue de flouter habilement la frontière entre fiction et réalité.
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Les Volets verts dresse sans concession le portrait universel d’un artiste au crépuscule de sa vie. Gigantesque, la démarche lourde, Maugin a tout connu. Il est passé du théâtre au cinéma, a festoyé plus que de raison avec ses amis, multiplié les conquêtes féminines. Aujourd’hui, fatigué et malade, il constate que la gloire s’éloigne peu à peu et que l’heure des comptes est arrivée avec son lot de regrets et sa part de solitude. Si Émile Maugin peut se montrer amer, colérique et égocentrique, de sa carapace s’échappe une émouvante fragilité doublée d’une belle générosité.
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« Des amis me font craindre qu’on puisse identifier le personnage de Maugin avec tel ou tel acteur célèbre. Je tiens à déclarer catégoriquement que Maugin n’est un portrait d’aucun des plus grands acteurs de notre époque », déclare Georges Simenon en mai 1950. Gérard Depardieu n’a pas deux ans. Pourtant, la description qui est ici faite semble taillée à son exacte mesure. Mais voilà que bercé par une réalisation sans panache, l’ogre Depardieu se transforme en ours résigné et nous entraîne avec lui dans un univers nonchalant, heureusement traversé de quelques instants de grâce. Pivot central de l’histoire, il est entouré de comédiens dont la jovialité (Benoît Poelvoorde), le charme (Fanny Ardant), le dévouement discret (Fred Testot) ou la tendresse (la trop rare mais toujours efficace Anouk Grinberg) étoffent d’humanité cette célébrité égarée. Il faut cependant attendre le sourire et l’appétit de vivre de Stéfi Celma pour qu’enfin la narration pétille et l’intérêt s’éveille, d’autant que les scènes qui lui sont consacrées se déroulent dans un décor propice au rêve. Une maison dont les volets verts s’ouvrent directement vers la mer, pour délivrer enfin son propriétaire des remords et des angoisses qui l’assaillent.
Si elle prend son temps pour captiver le spectateur, cette tragi-comédie vaut pour sa perfection esthétique et sa dimension populaire.
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