Ces Lettres du pays froid nous arrivent par le biais d’une écrivaine désargentée, passionnée jusqu’à la démesure de l’artiste mexicaine Frida Kahlo. Lauréate d’un prix littéraire grâce à un livre qu’elle lui consacre, cette toute jeune femme se trouve projetée, bien malgré elle, dans la lumière fragile d’une gloire éphémère.

C’est au cours d’un de ces cocktails mondains donnés en son honneur que la trame du récit se joue. Elle rencontre Alexis, l’obscur objet de son futur désir, être hybride, à la présence fantomatique, infiniment décalée. Elle-même a pour compagnon épisodique Loup, écrivain amer et désabusé, butinant d’un sexe à l’autre, au gré des aléas de sa vie mondaine. Alexis est "l’un de ses autres"... Ces deux personnages, qui pourraient sortir d’une pièce de théâtre No, se croisent, s’entremêlent... Quelle place va occuper la jeune narratrice entre eux ? Qui osera-t-elle aimer ?

D’une écriture fine et acérée, telle une épure, un ikebana, Caroline Lamarche met en scène des personnages hantés par l’idée de leur propre finitude. "Aujourd’hui, je me dis que la mort, contrairement aux personnages d’un film, n’agit pas. Elle nous attend sans bouger, sans changer de place, comme le mont Fuji, dans les estampes d’Okusai : indifférente aux saisons, aux marins qui se noient..."

Alexis, Loup et la narratrice, les trois tiges principales de ce bouquet mortifère, jouent avec leurs sentiments, à l’amour, à la mort. Ils sont jeunes, persuadés que le monde s’offre à eux, que le temps n’existe pas, qu’ils sont éternels et invincibles. Alors, ils jouent... Il n’y aura, à la fin du récit, ni gagnant ni perdant. Il n’y aura que la vie, dans son infinie diversité, dans sa troublante complexité, la vie, belle et tragique...