Le 28 octobre 2025
Une chronique sociale britannique attachante et sobre, brossant avec délicatesse le portrait d’une jeune femme abîmée.
- Réalisateur : Laura Carreira
- Acteurs : Karyna Khymchuk, Joana Santos, Neil Leiper
- Genre : Drame, Drame social
- Nationalité : Britannique, Portugais
- Distributeur : Survivance Distribution
- Durée : 1h44mn
- Date de sortie : 29 octobre 2025
- Festival : Festival de Göteborg, Premiers Plans Angers 2025, Festival San Sebastian 2024
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Résumé : Aurora, immigrée portugaise en Écosse, est préparatrice de commandes dans un entrepôt où son temps est chronométré. Au bord de l’abîme de la paupérisation et de l’aliénation, elle se saisit de toutes les occasions pour ne pas tomber, parmi elles la présence bienveillante de son nouveau colocataire polonais.
Critique : Des Temps modernes à L’histoire de Souleymane en passant par Rosetta et Ouistreham, le thème de la précarité du travail et de ses difficultés, notamment pour les immigrés, a donné lieu à de nombreuses fictions. Réalisatrice portugaise installée au Royaume-Uni, Laura Carreira s’était déjà frottée au sujet dans le format du court métrage, et persiste dans cette voie avec le récit d’une jeune femme peinant à s’affirmer dans un entrepôt destiné à envoyer des produits commandés sur Internet. Aurora (que campe avec beaucoup de sensibilité Joana Santos) pourrait être l’alter ego de la réalisatrice, si ce n’est que le personnage n’a pas fait d’études et peine à exprimer son mal-être. Venue du Portugal, elle a accepté un emploi de picker sans doute dans l’attente d’un poste plus gratifiant, et si possible dans un autre branche d’activité. En dehors de ses heures de travail soumises au contrôle du chronomètre, elle mène une vie de loisir routinière (quelques heures occasionnelles dans un pub, en compagnie d’amis plus ou moins proches), tout en partageant un appartement en colocation avec d’autres travailleurs précaires.

- © 2024 Conic Films. Tous droits réservés.
Contrairement à ce que le synopsis pouvait laisser penser, le film ne verse pas dans le misérabilisme ou le brûlot anticapitaliste. Même pas un début de revendication et encore moins de velléité de révolte, contrairement aux héros d’un Ken Loach, auquel on songe par instants, et dont la société Sixteen Films a produit le film. Pourtant, c’est bien à une dénonciation d’un nouveau taylorisme que se livre la réalisatrice, qui a mené en amont une enquête sur les conditions de travail dans ces entrepôts. Si le monde ouvrier est bien en déclin, le nouveau prolétariat formé par les employés du secteur des services en a pris le relais ; et outre les fin de mois difficiles et le poids des cadences, il subit les aliénations de son temps que constitue l’addiction au smartphone ou aux séries télévisées, sujet de conversation préféré des collègues d’Aurora sur leur temps de pause… Mais On Falling ne se limite pas à ces aspects. La démarche de la cinéaste passe par le portrait tout en finesse d’une jeune femme introvertie, dont la difficulté d’expression (voir la scène de l’entretien d’embauche dans une société de service social) fait parfois écho au comportement d’Isabelle Huppert dans La dentellière.

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Aurora ne se plaint pas, ne cherche pas le conflit, et pourtant la caméra cerne avec acuité ses doutes et contrariétés intérieures. Et Laura Carreira de préciser à propos de son dispositif filmique : « Nous avons essayé de trouver un équilibre au montage. Quand Aurora interagit, il y a davantage de coupes, mais dans les moments de gêne, nous restons avec elle. Je pense que cela a contribué à créer ce sentiment d’exposition. La caméra est dans cette position inconfortable, presque trop proche, mais nous ne coupons pas. Nous avons aussi rarement des cadrages qui permettent aux autres personnages de faire partie de son espace. Enfin, il y a ces moments où elle tend la main et où quelqu’un la tient, que nous avons filmés en gros plan, parce qu’il est significatif que quelqu’un la touche. Nous voulions que cela occupe tout le cadre. » Et même si le style peut paraître parfois lisse, la subtilité ambiante permet l’adhésion sans peine du spectateur. Présenté dans plusieurs festivals dont celui de San Sebastián et Premiers Plans d’Angers, On Falling sort en France à l’initiative du distributeur Survivance.
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