Femen m’a tuer
Le 31 août 2025
L’existence tourmentée de la célèbre réfugiée politique, artiste et activiste. Un film imparfait, dont l’intérêt tient à son parti pris intimiste assumé.
- Réalisateur : Charlène Favier
- Acteurs : Yoann Zimmer, Noée Abita, Albina Korzh
- Genre : Drame, Biopic
- Nationalité : Français
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Editeur vidéo : Diaphana Édition Vidéo
- Durée : 1h43mn
- Date de sortie : 16 avril 2025
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– Sortie DVD/Blu-ray : 19 août 2025
Résumé : Ukraine, 2008. La jeune Oxana et son groupe d’amies multiplient les actions, slogans peints sur le corps et couronnes de fleurs dans les cheveux, contre un gouvernement arbitraire et corrompu. C’est la naissance d’un des mouvements les plus importants du début de ce siècle : Femen. Réfugiée politique, artiste, activiste, Oxana franchira les frontières et militera sans relâche pour les droits des femmes et la liberté, jusqu’à risquer sa propre vie.
Le test DVD

- © Diaphana Vidéo
Diaphana Vidéo propose une édition soignée et de qualité pour ce film qui avait reçu un accueil mitigé lors de sa sortie en salles. La qualité technique du support et les information dévoilées dans le bonus permettront peut-être de réévaluer cette œuvre éclairant l’une des personnalités les plus emblématiques du féminisme contemporain.
L’image :
La photographie et les effets visuels se sont adaptés à des scènes extrêmement diverses tout autant à l’intérieur qu’à l’extérieur, ce avec brio. Les décors et les costumes attestent d’un travail minutieux. Le tout est très réussi.
Le son :
La musique de Delphine Malausséna, s’apparentant parfois à l’insistance d’une pluie qui tombe, est de toute beauté. Rappelons que cette compositrice s’est déjà fait un nom avec entre autres Chien de la casse et En plein feu.
Les suppléments :
– Scène coupée : elle se déroule à Paris. Le mal-être d’Oxana y est visible. Elle est présente tout en étant absente lors d’une fête théâtrale improvisée et amicale.
– Entretien avec Charlène Favier et les interprètes (Paris, avril 2025 - Avant-première aux Sept Parnassiens) : Plusieurs informations sont dévoilées, en rapport avec la filmographie de la cinéaste, le parcours d’Oxanana, le vécu des interprètes ou la situation des femmes ukrainiennes. Charlène Favier n’hésite pas à faire un parallèle avec Slalom, son premier long métrage, qui abordait les violences sexuelles dans le sport. Oxana est tout autant un film féministe et engagé ainsi qu’un parcours de résilience. Le projet a duré deux à trois ans. Un important travail documentaire a eu lieu. Pour sonder Oxana, la réalisatrice a rencontré ses nombreux amants, ses quelques amis, ses professeurs aux Beaux-Arts à Paris. "L’art, c’est la révolution" a résonné en elle : c’est un slogan récurrent pour l’héroïne du film. Albina Korzh, l’actrice principale, parle de la situation actuelle en Ukraine. Rappelons qu’elle y réside et est venue en France grâce à la protection de l’armée de son pays. Une autre comédienne, qui joue le rôle une Femen, est également présente et tient des propos similaires : la nécessité de rester en Ukraine car sa famille y vit et ses frères y combattent. Les questions sont les suivantes : comment ont-elles connu les Femen ? Quel est leur rapport à la nudité dans le film ? Qu’en est-il de l’émancipation des femmes en Ukraine ? Et de leur propre émancipation suite à leur choix assumé du métier d’actrice ?
– Bande-annonce
– Crédits
Éric Françonnet
Critique : Qui se souvient d’Oksana Chatchko, dite Oxana, l’une des cofondatrices du mouvement féministe international Femen, décédée en 2018 ? Issue d’une famille ouvrière déstabilisée par les penchants alcooliques et violents du père (réalité devenue stéréotype scénaristique dans les films traitant de ce sujet), Oksana parvient à s’émanciper par la peinture et le militantisme, qui semble lui couler dans les veines.
Alors que son sujet laissait entrevoir un film retraçant l’histoire global du mouvement Femen au prisme du regard d’Oxana, c’est le parcours personnel et intime de l’héroïne, dont la fragilité psychologique et la quête permanente d’une vie bonne et apaisée l’amèneront à commettre l’irréparable, qui intéresse la réalisatrice. C’est ce qui fait à la fois tout l’intérêt et toute la limite de ce biopic.

- Copyright Diaphana Distribution
Si la mise en scène semble formatée pour une première partie de soirée de France Télévisions, c’est le développement et la dégénérescence psychologiques de l’héroïne, remarquablement campée par Albina Korzh, qui fait l’intérêt du film.
L’actrice ne tombe toutefois pas dans le piège du registre tragique. Ses yeux sont pleins d’une détermination à toute épreuve comme son personnage. C’est dans une séquence de viol collectif, où Oxana et ses camarades sont prises à parti par une bande d’hommes, que se révèle l’intensité de son jeu : alors qu’elle se fait asperger d’essence, ses lèvres sont serrées, son regard et son corps restent droits et, malgré la peur évidente, ne plient pas et continuent de lutter.

- Copyright Diaphana Distribution
Voilà le véritable enjeu du film : la lutte intérieure plus que la lutte féministe. Deux combats entre lesquels le film peine à trouver l’équilibre.
Si les séquences de discussions politiques, de manifestations et d’actions coup de poing du collectif jalonnent le film, elles ne mettent pas véritablement en évidence l’impact physique et psychique que Femen a eu sur Oxana, bien que celle-ci finisse par déclarer à une journaliste parisienne : « J’ai donné ma vie pour Femen. »
Si les convictions féministes d’Oxana, et les risques qu’elle a pris en leur nom, ne sont pas à remettre en cause, son suicide tend à montrer que c’est bien plus le mouvement Femen qui lui a pris sa vie que le contraire.
Arthur Champilou
Galerie Photos
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