Paradise now - la critique

Personnage manichéens, morale convenue : un film à côté de la plaque.

L’argument : Deux amis d’enfance palestiniens, Khaled et Saïd, sont désignés pour commettre un attentat suicide à Tel Aviv. Engagés volontaires depuis plusieurs années dans une faction, ils sont liés par un contrat moral qu’ils ne peuvent ou ne veulent rompre. Ils passent une dernière soirée avec leurs familles sans pouvoir toutefois leur dire adieu. Le lendemain, munis de leurs ceintures d’explosifs, ils sont conduits à la frontière. Mais l’opération ne se déroule pas comme prévu...

Notre avis : Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans Paradise now. Sur un sujet très fort et préoccupant, Hany Abu-Assad réussit le triste exploit de réaliser un film désuet, timide, voire policé, avec ce qu’il faut comme digressions superfétatoires pour éviter les sujets qui fâchent et d’aller droit là où ça gratte. D’un postulat de base somme toute intéressant, le cinéaste s’égare méchamment dans la lourde démonstration et vide ses scènes de toute intensité.
Ce film palestinien sur deux amis kamikazes qui se posent des questions au moment crucial déborde de conflits moraux vus et revus. Les (trop) nombreux personnages, taillés dans le marbre manichéen, à l’instar de la fille affranchie (Lubna Azabal) qui a fait ses études en France, qui revient et tente de faire vaciller les esprits, ont la malchance de n’être que des pions sur un damier consensuel. Sous son apparence drastique qui lui donne un aspect auteurisant, le résultat un chouïa malhonnête et plutôt lénifiant assène une morale convenue (sous les bombes, se cache un être humain avec des doutes et des contradictions) qui ne répond en aucun cas aux réels problèmes politiques actuels. Même pas un pétard mouillé, juste un film à côté de la plaque qui au lieu de faire un pas de géant fait un pas en arrière.