Le 17 novembre 2025
Un documentaire insolite, poétique et superbement photographié et monté, mais dont l’austérité pourra rebuter.
- Réalisateur : Gianfranco Rosi
- Genre : Documentaire, Noir et blanc
- Nationalité : Français, Italien
- Distributeur : Météore Films
- Durée : 1h55mn
- Titre original : Sotto le nuvole
- Date de sortie : 19 novembre 2025
- Festival : Festival de Venise 2025, Festival La Roche-sur-Yon 2025
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Pompéi, Naples, le Vésuve. Des vies sous la menace du volcan : archéologues, pompiers, éducateurs, marins, photographes… La terre tremble et le passé infuse dans le présent de tous. En donnant voix aux habitants, le film compose un portrait inédit de la ville, comme une machine à voyager dans le temps.
Critique : Gianfranco Rosi (aucun lien de parenté avec le réalisateur de Cadavres exquis) est devenu le spécialiste d’un certain cinéma documentaire à la fois poétique et engagé, cherchant à éveiller les consciences et à susciter la réflexion en passant par une démarche contemplative, ce qui peut paraître paradoxal, mais qu’il s’efforce de faire avec conviction. Le cinéaste a déjà remporté des récompenses prestigieuses, à savoir le Lion d’or à Venise 2013 pour Sacro GRA (peut-être la moins ouvertement politique de ses œuvres) et l’Ours d’or à la Berlinale 2016 avec Fuocoammare, par-delà Lampedusa (sur le drame des migrants). Prix spécial du Jury à Venise 2025 où il a été présenté en ouverture, Pompei, sotto le nuvole se déroule à Naples et dans diverses communes voisines dont Pompei. Le documentaire brosse le portrait éclaté d’une cité mythique, en filmant les professionnels du site archéologique (archéologues, gardiens…) mais aussi les habitants des alentours. Un montage impressionnant passe des vues sur le volcan aux fouilles historiques, en passant par un poste de commissariat recevant des appels de riverains, effrayés par des sons, qui craignent une éminente éruption du Vésuve ; ou encore une salle de cinéma dans laquelle sont projetés des films en rapport avec le site, tel le sublime Voyage en Italie de Rossellini.

- © 2025 Météore Films. Tous droits réservés.
Le long métrage est peu instructif sur le plan historique et les spectateurs passionnés par le mythe Pompei n’apprendront que de rares informations, mais l’essentiel n’est pas là : on se doute qu’il ne s’agit pas d’un énième volet de Connaissances du monde… Le cinéaste imbrique passé et présent pour cerner le mystère d’un lieu à la fois proche et déconnecté du vécu de la population locale, soumise à d’autres enjeux. Le réalisateur précise ainsi dans le dossier de presse : « Naples et le territoire du Vésuve sont imprégnés d’histoires millénaires : peuples, éruptions, dominations. Cette histoire continue de vivre dans les tunnels souterrains, les musées, les bâtiments. Le film raconte des histoires et des vies quotidiennes dans un temps qui semble n’avoir rien d’ordinaire, comme l’actualité le prouve constamment. Sur une planète qui paraît de plus en plus réduite, la grande Histoire s’entrelace aux événements quotidiens des hommes et des femmes, générant angoisse, fragilité, mais aussi une nouvelle conscience. Le présent fait irruption partout : dans une ville portuaire, par exemple, on croise des flux de personnes et de marchandises, des événements proches et lointains qui s’entrelacent. Guerres, exploitation, conflits passés et présents : filmer le présent, c’est accepter d’être interpellé par tout cela. »

- © 2025 Météore Films. Tous droits réservés.
D’où des allusions dans le film à la guerre en Ukraine ou aux violences conjugales contre les femmes, qui peuvent a priori paraître hors sujet, mais s’inscrivent avec cohérence dans le dispositif. Formellement, le film est sublime, d’un beau noir et blanc élaboré, et doit aussi beaucoup à des collaborateurs artistiques dont Daniel Blumberg (Oscar 2025 de la meilleure musique originale pour The Brutalist). Il est également permis de rester extérieur à un exercice de style que l’on peut juger froid et trop distancié, et d’une durée excessive à notre sens (mais qui se mérite en même temps). Pompei, sotto le nuvole est donc recommandable mais nécessitera une disponibilité totale du spectateur.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.























