Le 25 novembre 2025
Une belle proposition de septième art, entre récit explicatif et propos suggestifs, d’une réelle poésie cinématographique.
- Réalisateur : Jun Li
- Acteurs : Jayden Cheung, Erfan Shekarriz, Sebastian Mahito Soukup
- Genre : Drame, Érotique, LGBTQIA+, Noir et blanc
- Nationalité : Américain, Chinois, Hongkongais
- Distributeur : Dulac Distribution
- Durée : 1h27mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
- Date de sortie : 26 novembre 2025
- Festival : Festival de Berlin 2025, Champs-Élysées Film Festival 2025
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Résumé : Un homme se glisse dans la peau de chacun de ses amants, s’appropriant leur personnalité au gré de ses rencontres. Ce n’est qu’en devenant un autre qu’il parvient à être pleinement lui-même.
Critique : Présenté dans la section Panorama du Festival de Berlin et au Champs-Élysées Film Festival, Queerpanorama est le troisième long métrage de Jun Ki, réalisateur qui s’est lancé dans le cinéma après une formation de journaliste à l’Université chinoise de Hong Kong et un mastère en études de genre à l’Université de Cambridge. Tracey (2018) et Drifting (2021) s’intéressaient déjà aux minorités sexuelles, thème qui semble cher au cinéaste. Mais seul Queer Panorama connaît une sortie dans les salles françaises, à l’initiative de Dulac Distribution. Le film se présente comme une série de vignettes (on n’ose pas écrire saynètes) autour des rencontres effectuées par le personnage central d’un jeune-homme de vingt-huit ans. Par le biais d’une application, il se rend au domicile de plusieurs hommes d’âge, de condition sociale et de nationalité différents. Le cinéaste filme crûment les relations sexuelles, mais sans vulgarité ni approche racoleuse. Elles sont, la plupart du temps, précédées de conversations autour d’un verre de bière ou d’un repas, au cours desquelles les langues se délient et abordent des sujets divers, de l’exil au deuil en passant par la musique et la contestation politique… La proposition de Jun Ki est vraiment séduisante et insolite, même si l’on sent l’ombre des trois réalisateurs qui, déclare-t-il, l’ont marqué : Rohmer, Hong Sang-soo et Jarmusch.

- © 2025 Dulac Distribution. Tous droits réservés.
Du premier est hérité le goût pour les longs dialogues imprégnés de faux-semblants ; au second, Jun Ki emprunte une esthétique intimiste avec un beau noir et blanc. Mais ont pourrait déceler d’autres influences, comme le Tsai Ming-liang de Vive l’amour. Le scénario prend une tournure originale lorsque le jeune homme emprunte des traits de l’identité de précédents partenaires pour se présenter à de nouveaux amants. Le cinéaste a déclaré à ce propos : « Parce que je fais souvent la même chose dans ma vie réelle, surtout quand je suis à Hong Kong. En tant qu’un des rares réalisateurs ouvertement gays là-bas, on peut m’identifier très facilement. Parfois, quand je veux rester anonyme, je me crée une identité, et la façon la plus simple est de reprendre des éléments de quelqu’un que j’ai rencontré récemment. C’est aussi dans ma nature d’écrivain : j’écoute les histoires des gens et je recrée des personnages et des intrigues. » Le protagoniste principal n’en reste pas moins ambigu.

- © 2025 Dulac Distribution. Tous droits réservés.
Mythomanie d’un manipulateur ? Identification subjective dans le cadre d’une quête de soi-même ? Le récit ne donne pas toutes les solutions à son comportement, et c’est tant mieux, car la force de Queerpanorama est d’alterner passages explicatifs et propos suggestifs. Car le film est aussi, et surtout, un beau poème cinématographique, qui frôle par instants l’onirisme, avec pour décor une mégapole cosmopolite et plurielle dans laquelle se meuvent des personnages esseulés tentant, avec plus ou moins de bonheur, de nouer des liens affectifs avec d’autres êtres en insatisfaction permanente. Ce qui s’apprécie en particulier au travers de magnifiques plans fixes qui transcendent les clichés d’un certain cinéma de festival. Signalons que le film doit également beaucoup à l’acteur Jayden Cheung, que le réalisateur avait déjà dirigé dans un court métrage, et qui traduit à merveille le mélange de vulnérabilité et de détermination. On ne saurait donc que recommander cette coproduction américano-hongkongaise qui révèle un auteur intransigeant et à la démarche fascinante.
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