Le justicier de New York
Le 18 août 2015
Première collaboration entre Al Pacino et Sidney Lumet, ce thriller maîtrisé est un film majeur du cinéma américain des années 70.


- Réalisateur : Sidney Lumet
- Acteurs : Al Pacino, Tony Roberts , John Randolph, Jack Kehoe, Biff McGuire
- Genre : Policier / Polar / Film noir, Biopic
- Nationalité : Américain
- Distributeur : StudioCanal, Les Acacias
- Date de sortie : 22 mai 1974
- Durée : 2h10mn
- Plus d'informations : Histoire du Polar au cinéma
Golden Globes 1974 : Meilleur acteur dans un drame pour Al Pacino
L’argument : Policier intègre, Serpico lutte contre la corruption généralisée au sein de la police new-yorkaise. Détesté de tous, collègues comme supérieurs, il ne pourra compter que sur lui-même pour mener à bien sa croisade pour la justice.
- Copyright Les Acacias
Notre avis : Moins connu qu’Un après-midi de chien, seconde collaboration de Sidney Lumet et Al Pacino, Serpico est un polar important, marqué d’une atmosphère très seventies. Inspiré de faits réels, et adapté du livre éponyme de Peter Maas, il relate le parcours du policier Frank Serpico, qui consacra sa carrière à lutter contre la corruption générale qui sévissait au sein de la police de New York. Une série télévisée du même nom fut diffusée chez nous en 1978. Flic intègre dont l’intelligence, la culture et le dynamisme contrastaient fortement avec ceux de ses collègues, Serpico s’attaqua aux passe-droits, pots-de-vin et autres éléments révélateurs des connivences de ses confrères avec les gangs et les mafias locales, malversations sur lesquelles ses supérieurs hiérarchiques et l’ensemble de l’appareil judiciaire et policier fermaient jusqu’alors les yeux. On retrouve bien derrière la caméra le citoyen Lumet, celui-là même qui avait si bien décrit les travers du système américain dans 12 hommes en colère. Le film est en même temps un témoignage passionnant sur l’évolution des mœurs, la contre-culture, et l’esprit critique alors à l’œuvre aux États-Unis.
- Copyright Les Acacias
Policier en civil, n’hésitant par arborer l’apparence physique (barbe, cheveux longs) et le mode de vie bohème de la jeunesse contestataire, Serpico prend ses distances avec les normes alors en vigueur, tout en cherchant à satisfaire son idéal de justice et à lutter contre le mal. Il est peu le double du cinéaste, puisqu’il condamne de l’intérieur un système, en cherchant à consolider des valeurs universelles. En somme, Serpico n’est pas foncièrement subversif, de même que Lumet est le digne héritier des Capra et Ford qui n’hésitaient pas à dénoncer les injustices sociales pour mieux valoriser la société américaine. Là est la subtilité de Serpico qui joue de cette ambiguïté et de ces nuances. La mise en scène classique est au service d’un récit limpide, efficace et touchant, loin de la roublardise de certains polars contemporains. Le casting est remarquable, avec des seconds rôles inspirés tels John Randolph, Tony Roberts ou Allan Rich. Al Pacino, qui avait déjà été éblouissant pour Coppola et Jerry Schatzberg, consolida son statut de star et confirmait qu’il était un des acteurs les plus doués de sa génération.
Votre avis