Le 12 juillet 2025
Un Wes Craven efficace et qui bénéficie d’un scénario malin. Si certains aspects gore et artistiques (la musique, le jeu des acteurs) ont un brin vieilli, l’ensemble est une belle curiosité pour les fans du genre.
- Réalisateur : Wes Craven
- Acteurs : Heather Langenkamp, Michael Murphy, Ted Raimi, Peter Berg, Richard Brooks, Mitch Pileggi, Camille Cooper
- Genre : Fantastique, Épouvante-horreur, Teen movie, Slasher, Policier
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Splendor Films
- Durée : 1h49mn
- Reprise: 20 août 2025
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 31 janvier 1990
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– Reprise en version restaurée : 20 août 2025
Résumé : Horace Pinker, criminel particulièrement sanguinaire, est enfin retrouvé par la police, grâce aux rêves prémonitoires d’un jeune garçon. Condamné à la chaise électrique, Pinker attend sans angoisse l’exécution de sa peine. En effet, il sait pouvoir résister à une charge de deux cent mille volts...
Critique : Shocker est un cas singulier dans la filmographie de Wes Craven. Échec commercial à sa sortie (du moins en salles, le marché de la VHS ayant donné une seconde chance à maints films du genre), accueillie dans l’indifférence critique, cette production de Alive Films et Carolco Pictures ne bénéficie pas de l’aura de deux œuvres emblématiques de son auteur, d’ailleurs citées sur l’affiche française de la reprise de 2025 : Scream et Les griffes de la nuit (Freddy I), le visuel américain évoquant quant à lui le non moins jouissif L’emprise des ténèbres. Longtemps considéré comme mineur donc, le film a progressivement fait l’objet d’un culte chez certains, et est même perçu comme essentiel par des spécialistes. Nous adopterons une position médiane, Shocker étant intéressant à plus d’un titre, même si des imperfections ternissent sa qualité globale. Comme dans Les griffes de la nuit, il est question d’adolescents perturbés et d’un tueur fou. Anthony (Peter Berg) mène une vie plus ou moins sereine en compagnie de son père adoptif, Don Baker, un officier de police. Il côtoie avec régularité les membres de son club sportif et roucoule en compagnie de sa petite amie, la ravissante Alison. Mais voilà que le jeune homme se prend à faire des rêves horribles et prémonitoires, ce qui l’amènera à être pourchassé par Horace Pinker, un serial killer particulièrement sanguinaire, qui a la particularité d’être insensible aux décharges électriques, y compris quand celles-ci sont assénées par la justice d’État sur une chaise symbolisant la « violence légitime »…
Le récit, écrit par Craven lui-même, est diablement efficace, avec une association informelle père-fils pour mener une enquête plus que tortueuse, et un glissement progressif vers le fantastique. Car Pinker a le pouvoir de disparaître matériellement et de s’introduire, même provisoirement, dans le corps de ses victimes, qui deviennent donc à leur tour de redoutables criminels. La métaphore, qui est aussi celle du film de zombie, donne à ce slasher une troublante résonance, surtout si l’on y voit ici une allusion aux contagions diverses : le sida concernant le contexte médico-historique de l’époque ou, dans un sens plus large, l’aliénation télévisuelle (les réseaux sociaux numériques n’ayant pas encore fait leur apparition). À cet égard, les scènes finales constituent une authentique réussite, avec des entrées et sorties des protagonistes en contact avec des téléviseurs, les combats étant d’ailleurs suivis par le public (anticipation de la téléréalité ?). Quant à la caractérisation du tueur, qui ferait passer Norman Bates pour un enfant de chœur et Hannibal Lecter pour un philanthrope, elle est particulièrement percutante, même si la propension de Pinker (Mitch Pileggi) à manier l’humour noir anticipe une convention agaçante, que l’on retrouvera dans de nombreux films d’horreur.
Plusieurs éléments entachent pourtant le plaisir à visionner Shocker. D’une part, l’invraisemblance n’est pas un problème pour des productions de ce genre, à condition qu’elle soit dans la limite du raisonnable. Laisseriez-vous votre enfant rentrer tout seul à son domicile la nuit, après avoir été témoin avec lui de quatre carnages ? Peut-on demander des invitations pour assister à l’exécution d’un condamné à mort ? D’autre part, on ne supporte plus, trente-cinq ans après, les extraits de hard rock choisis en guise d’accompagnement musical (bien que les goûts et les couleurs…). Enfin, le casting principal est quelque peu fragile, avec Michael Murphy et Peter Berg qui ne cessent d’écarquiller les yeux tout au long de la narration, et auprès desquels Marilyn Burns dans Massacre à la tronçonneuse semble sortir d’un film de Bresson. En dépit de ces réserves, Shocker est à voir pour la cohérence de son dispositif et les frissons qu’il ne manquera pas de provoquer.
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