Le 11 novembre 2025
Joachim Lafosse traite à nouveau le thème des fêlures familiales dans ce récit en demi-teinte qui confirme la subtilité de sa démarche.
- Réalisateur : Joachim Lafosse
- Acteurs : Emmanuelle Devos, Damien Bonnard, Eye Haïdara, Jules Waringo, Leonis Pinero Müller, Teoudor Pinero Müller
- Genre : Drame, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français, Belge, Luxembourgeois
- Distributeur : Les Films du Losange
- Durée : 1h32mn
- Date de sortie : 12 novembre 2025
- Festival : San Sebastián International Film Festival
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Résumé : Malgré les difficultés, Sana tente d’offrir à ses jumeaux des vacances de printemps. Comme son projet tombe à l’eau, elle décide avec eux de séjourner sur la côte d’Azur dans la villa luxueuse de son ex-belle-famille. En cachette. Six jours de soleil qui marqueront la fin de l’insouciance.
Critique : Coécrit avec Chloé Duponchelle et Paul Ismaël, le scénario est basé sur une trame autobiographique, Joachim Lafosse ayant réactivé un souvenir d’enfance : après son divorce, sa mère l’avait emmené, ainsi que son frère jumeau, dans la propriété des grands-parents paternels, en toute illégalité. Notons que la gémellité était aussi au centre de Nue propriété, qui évoquait les relations entre une figure maternelle (Isabelle Huppert) et ses deux fils. En fait, le réalisateur n’a cessé de conter des récits axés sur des déboires familiaux : un cas d’aliénation menant à l’infanticide dans À perdre la raison, les ravages causés par un parent bipolaire dans Les intranquilles, le trauma de l’étouffement d’un cas d’inceste dans Un silence. Ici, les enjeux sont moins tragiques et les problèmes vécus par Sana, déclassée après son divorce, peuvent sembler mineurs comparativement à la situation de personnages antérieurs de Lafosse : on pourrait plutôt faire le lien avec le cadre narratif de L’économie du couple, qui filmait deux ex contraints de continuer à cohabiter pour des raisons financières.

- Emmanuelle Devos, Eye Haïdara
- © 2025 Les Films du Losange. Tous droits réservés.
Ici, rien n’oblige Sana à venir passer quelques jours de vacances dans la résidence secondaire de ses riches et ex-beau-parents, dans le sud de la France. À la suite d’un contretemps, elle prend cette initiative sur un coup de tête sans demander l’autorisation au père de ses enfants et aux propriétaires des lieux, qui auraient de toute façon brandi une fin de non-recevoir. Sana et ses fils, accompagnés d’un ami de la mère, décident donc de vivre quelques jours idylliques dans une maison cossue, tout en ayant conscience de ne pas être dans leur droit, craignant d’être dénoncés par quelque voisin. L’habileté du long métrage est de distiller une tension discrète, basée sur les non-dits et la suggestion d’un passé compliqué : sans doute une séparation houleuse, et des rancœurs familiales tenaces. Le contraste est également flagrant entre la douceur des lieux et rituels (des baignades insouciantes, des balades dans les ruelles de Gassin ou Saint-Tropez, une partie de pétanque sur la place des Lices, un rideau que l’on referme avec soin) et les tourments intérieurs.

- Eye Haïdara, Damien Bonnard
- © 2025 Les Films du Losange. Tous droits réservés.
Et concernant cette mise en équation, le cinéaste précise dans le dossier de presse : « Choisir et décider de tourner en décor et lumière naturels, avec une petite équipe, ça a été un vrai bonheur. J’ai adoré sentir qu’avec l’équipe, on pouvait être dans une forme de suspense narratif très sec, fait de plans-séquences fixes grâce auxquels le hors champ est toujours un peu menaçant. Et je savais que pour réussir à rendre compte de l’énergie des enfants, mais aussi de la sensualité du couple, il fallait que je trouve cette légèreté avec une mise en scène tonique, caméra à l’épaule ». Six jours, ce printemps-là distille du coup une émotion contenue mais réelle, même si le film n’atteint pas la puissance des opus antérieurs du réalisateur, en raison de son minimalisme narratif. Dans un rôle difficile, Eye Haïdara est totalement convaincante pour une prestation qui évoque un peu la Nathalie Baye d’Un week-end sur deux de Nicole Garcia. On l’avait jusqu’à présent remarquée surtout dans des seconds rôles, du Sens de la fête à Barbès, little Algérie. Six jours, ce printemps-là a été présenté au Festival de San Sebastián. Il est distribué en salles à l’initiative des Films du Losange.
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