Soul - Pete Docter - critique du film

Critique : Pixar s’attaque à une question existentielle : qu’est-ce qui donne du sens à notre vie ? Joe Gardner ne vit qu’à travers le jazz. Le jour où on lui propose enfin un contrat dans l’école où il enseigne à de jeunes enfants, il reçoit le coup de fil qui lui permet de vivre son rêve : il va jouer dans un quartet de jazz, au club, le soir, avec son idole. Malheureusement, le destin en a décidé autrement. Coincé dans Le Grand avant, il va devoir aider 22, une entité fantomatique, à trouver sa personnalité pour retrouver lui-même son enveloppe terrestre. Devenir mentor, cela ne le réjouit pas. Faire équipe avec une âme récalcitrante encore moins : autant Joe se délecte des plaisirs de la vie, autant 22 n’a aucune envie d’être envoyée dans la vie humaine. Ensemble, parviendront-ils à leur fin ?

Pixar offre une œuvre visuelle époustouflante, à travers différents plans : les images de New York sont très réussies et les détails s’avèrent très travaillés, qu’il s’agisse des décors de rue ou des ambiances, rappelant même des environnements que l’on retrouve dans de nombreux films dont l’action se passe dans cette ville, avec des trottoirs bondés, des ruelles perpendiculaires ou même des vendeurs de street food.

Le film réussit également sa plongée dans l’univers afro-américain. L’hommage à la musique est un clin d’œil adressé aux adultes spectateurs du film d’animation. En mettant en avant le jazz et à travers eux les musiciens, le long métrage parvient à créer une ambiance par touches légères, loin des chansons entêtantes des productions Disney. Le jazz n’est qu’un prétexte pour créer un fond sonore relaxant, puisqu’il est loin d’être omniprésent dans le film.

Les « âmes » dessinées sont remarquables. On pense aux œuvres de Matisse ou Miró à travers ces personnages flottants sans fioritures, dont la personnalité n’est pas encore complète. La beauté de la réalisation gomme un rythme parfois lent ou l’abondance de bons sentiments, forcément présents.

Crédits Disney Studios/Pixar

Si bien évidemment les enfants apprécieront la poésie des personnages, les adultes souriront à l’évocation des passions et réfléchiront à la construction de leur personnalité : finalement, qu’est-ce qui donne toute la saveur à notre vie ? Comme souvent chez Pixar, la mort d’un protagoniste n’est pas triste, elle donne simplement un nouveau départ. La question de la construction des individus tout au long de leur vie (Là-haut, Vice-versa et maintenant Soul) continue ici d’être mise en scène, sans toutefois atteindre la profondeur des précédentes réalisations.

Soul reste un conte sympathique, à la morale parfaitement optimiste. Son charme réside dans la déambulation à New York, aux côtés des protagonistes, sans grand suspense. Le long métrage est une fable moderne, sur ce qui attache à la vie et finalement sur la nécessité d’accompagner avec bienveillance les générations futures.