Le 14 juillet 2025
Quelque part entre Hong Sang-soo et Eric Khoo, un conte d’été mystérieux qui distille un réel charme. Une révélation.
- Réalisateur : Kohei Igarashi
- Acteurs : Yoshinori Miyata, Hiroki Sano, Nairu Yamamoto, Hoàng Như Quỳnh
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Français, Japonais
- Distributeur : Survivance Distribution
- Durée : 1h34mn
- Date de sortie : 16 juillet 2025
- Festival : Festival de Venise 2024
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Résumé : Sano est de retour à Izu, au bord de la mer. Il semble absent à lui-même et à ce qui l’entoure, sauf à cette casquette rouge qu’il cherche obstinément. Il est en quête d’un signe, d’une trace, de quelque chose qui pourrait attester d’un événement survenu ici, en réincarner le souvenir.
Critique : Distribué sur nos écrans en début de saison estivale 2025, Super Happy Forever a le charme envoûtant de maints contes d’été cinématographiques, l’étalon demeurant bien sûr l’œuvre d’Éric Rohmer, de La collectionneuse à Conte d’été en passant par Pauline à la plage. Mais indépendamment du contexte saisonnier, le spectateur songera à tout un courant du cinéma asiatique, à la fois bavard et métaphorique, de l’univers de Hong Sang-soo à l’Eric Khoo de Yōkai, le monde des esprits. Ces références, conscientes ou non, n’occultent en rien l’originalité de ton du Japonais Kohei Igarashi, dont il s’agit du quatrième long métrage, après Yorai Fuyu no Koe (2008), Breathless (2014) et Takara, la nuit où j’ai nagé (2017, coréalisé avec Damien Manivel). Concernant le titre du film, le cinéaste tient à préciser dans le dossier de presse : « Je pense que tout le monde veut être heureux et veux toujours l’être, même moi, même ceux qui croient en des séminaires douteux au milieu des difficultés et des déceptions permanentes de la vie. Le film ressemble à une histoire triste si on le regarde sur une ligne de temps. Mais si on le regarde de manière linéaire, les moments heureux ne sont pas perdus pour toujours. J’espère que les spectateurs garderont cette impression en sortant de la projection. »

- © 2024 NOBO Film, MLD Films. Tous droits réservés.
Pourtant, nulle envolée lelouchienne dans ce film suggestif et minimaliste, qui prend son temps pour exposer ses enjeux narratifs, en dépit d’une durée relativement courte (quatre-vingt-quatorze minutes). Deux garçons, Sano et Miyata, partagent une chambre d’hôtel dans une station balnéaire de la péninsule d’Izu. On ne sait trop guère au départ si les deux amis sont également amants, mais la réponse est vite apportée. Sano, qui semble mélancolique et absent, est à la recherche d’une casquette rouge qu’il déclare avoir perdu… cinq ans plus tôt. Après quelques (non)-péripéties que nous ne dévoilerons pas, le scénario (coécrit avec Koichi Kubodera) met en exergue une jeune femme, Nagi, qui a réservé une chambre dans le même hôtel, et ne laisse pas insensible Sano. Le « MacGuffin » de la casquette tient ici la même fonction de fil directeur narratif que les boucles d’oreille de Danielle Darrieux dans Madame de… de Max Ophüls, et Kohei Igarashi brise la temporalité sans déstructurer son récit, qui se présente comme un bel objet romanesque sur les désillusions et le temps qui passe.

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En même temps, Super Happy Forever est l’une des rares œuvres du genre à traiter de la crise sanitaire de la Covid comme élément de suspension des relations amoureuses et ou du désir, comme les guerres avaient pu l’être dans divers films de l’histoire du cinéma, toute proportion gardée, ne serait-ce qu’en termes de durée. Des travellings élégants sur un bord de mer succédant à des plans fixes dans un intérieur hôtelier, des non-dits se substituant à des indiscrétions dévoilées, des retrouvailles pour un petit déjeuner qui n’aura jamais lieu alors que la soirée de la veille révélait une réelle complicité : Super Happy Forever est un beau film de contrastes dont la modestie même fait le charme, même s’il n’échappe pas toujours à la pose et au syndrome du « film de festival ». À ce titre, le métrage a été sélectionné dans plusieurs rencontres internationales dont la Mostra de Venise, Chicago et Göteborg. On aurait tort de bouder cette œuvre peu tapageuse qui confirme la vitalité toujours d’actualité du cinéma asiatique.
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