Le jardinier soliloque. Les mots sortent de sa bouche, denses comme des cailloux. Concentré d’émotions brutes. Terre froide, hivernale, grattée avec respect. Flaques d’or des mimosas. Goût des oignons crus. Livres pour unique compagnie. Vieux livres. Livres d’amour. L’autre, l’exclu, vies lilliputiennes : le patron du bistrot, l’exilé africain et Làila, celle qui se vend aux hommes, qui vient l’envelopper d’une extrême douceur. Pudeur. Dépouillement. Sensualité à fleur de mots. Retour en arrière. Il y a eu Dvora, là-bas, dans une première vie, en Argentine. Il y a eu le combat contre la dictature, et la mort de Dvora. Il y a eu le retour en Italie. La vie d’un homme vaut celle de trois chevaux. Courbé vers la terre, le jardinier aimera encore puis il entamera sa troisième vie. La dernière. Méditation d’une rocailleuse poésie, Trois chevaux est une œuvre singulière. Singulièrement magnifique.