Une aventure - la critique

Malgré l’investissement de ses interprètes, cette histoire d’amants maudits manque par trop de densité pour convaincre.

L’argument : Julien travaille la nuit dans une vidéothèque et un soir, en rentrant chez lui, il croise dans le hall de son immeuble Gabrielle, une jeune femme en vêtement de nuit et pieds nus. Elle semble demander de l’aide mais la vitre les séparant empêche Julien de comprendre ce qu’elle lui dit. Julien hésite un instant et la suit, mais elle disparaît rapidement dans la nuit. Le lendemain en faisant ses courses, Julien rencontre à nouveau Gabrielle qui a retrouvé son élégance et son naturel.
Julien, sans vraiment savoir pourquoi, se sent très attiré par cette femme et la suit le temps de découvrir qu’elle souffre de somnambulisme.
Gabrielle vit avec son fils dans l’immeuble en face de celui de Julien et de Cécile et a un amant, Louis, homme marié qui l’entretient.
Julien sent un malaise chez Gabrielle et n’a de cesse de s’occuper d’elle...

Notre avis : Les corps impatients, premier long métrage de Xavier Giannoli, avait agréablement surpris avec un sujet d’exorcisation qui, dans d’autres mains, aurait été prétexte à une succession de séquences larmoyantes et autres galipettes complaisantes. En dépit du minimalisme des situations, Une aventure lui permet de changer de registre pour marcher sur le fil ténu d’une histoire d’amour triturée par la noirceur des sentiments et de son contexte. Elle déploie ses oripeaux fictionnels avec une précision mathématique (coup de foudre, rencontre, aventure, meurtre) sans surprise, avec des personnages très caractérisés.
Cette histoire passionnelle sur fond de somnambulisme doit beaucoup à l’investissement de ses interprètes principaux (Ludivine Sagnier et Nicolas Duvauchelle) qui incarnent à l’incandescence ces deux amants maudits. La première partie, sensible et nerveuse, sonde le coup de foudre amoureux entre deux êtres qui s’apprivoisent et multiplient les regards enflammés. La suite qui joue sur le mystère distillé par le personnage de Ludivine Sagnier, sorte de fantôme d’amour en manque d’affection en proie à de violents tourments intérieurs, se révèle moins convaincante. L’ensemble, fragile mais honnête, fonctionne de guingois, essentiellement à cause d’une mise en scène hésitante et d’un script qui manque de rigueur comme de densité dramatique pour convaincre.