Le 2 décembre 2025
Le second long métrage du réalisateur et écrivain Abdellah Taïa traite avec sobriété et audace un sujet tabou de la société marocaine. Une œuvre sincère et elliptique.
- Réalisateur : Abdellah Taïa
- Acteurs : Oumaïma Barid, Youness Beyej, Julian Compan
- Genre : Drame, Romance, LGBTQIA+
- Nationalité : Français, Marocain
- Distributeur : Optimale Distribution
- Durée : 1h16mn
- Date de sortie : 3 décembre 2025
- Festival : Festival Chéries-chéris
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Résumé : Deux jeunes de Casablanca, Soundouss et Jaâfar, arrivent dans une luxueuse villa de la station balnéaire de Cabo Negro. La villa est louée par l’amant de Jaâfar, un riche Américain qui est censé les rejoindre plus tard. Mais quelque chose ne va pas : ce dernier n’est toujours pas là et ils ne parviennent pas à le joindre par téléphone. Livrés à eux-mêmes, ils décident, malgré leur situation financière et personnelle incertaine, de profiter de leurs vacances autant que leur esprit et leur corps le leur permettent.
Critique : Écrivain et réalisateur marocain, Abdellah Taïa est l’auteur d’ouvrages traduits dans plusieurs langues, d’Une mélancolie arabe (2008) au Bastion des larmes (2024). Cabo Negro est son second long métrage, après L’armée du salut, adaptation de son roman éponyme et autobiographique. Cabo Negro, de par sa thématique homosexuelle et sa démarche, se situe dans la même veine. Le film a été présenté dans plusieurs festivals dont Chéries chéris 2024, avant une sortie en salle à l’initiative du distributeur Optimale. Le scénario, limpide mais souvent basé sur la suggestion et le non-dit, suit le parcours estival de Jaâfa et Soundouss. On pense d’abord à un couple en villégiature. On comprend vite qu’il s’agit d’un jeune homme gay et de sa meilleure amie, lesbienne. Jaâfa est invité dans la somptueuse demeure louée par Jonathan, un Américain qui n’est pas encore arrivé et restant injoignable au téléphone. En attendant, ils se font passer auprès du voisinage pour des étudiants effectuant des travaux universitaires pour le compte de Jonathan...

- © 2025 Optimale Distribution. Tous droits réservés.
Le récit est minimaliste, et réellement audacieux, le cinéaste traitant un sujet tabou dans le monde musulman. La démarche est moins explicative et romanesque que celle déployée par Hafsia Herzi dans son attachant film La petite dernière. Ici, le verbe est moins abondant, et le cinéaste procède par petites touches narratives, même si Abdellah Taïa est explicite dans sa critique des méfaits des rapports de domination en lien avec l’homophobie ou la prostitution. Et tout en étant pudique, le regard du réalisateur ose d’audacieux plans sur des situations dont espère qu’elles n’attireront pas la foudre des censeurs de l’industrie cinématographique marocaine. Concernant son art et ses influences ses intentions, Abella Taïa, qui revendique par ailleurs l’affiliation à la contestation du Printemps arabe, tient à préciser dans le dossier de presse :

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« Je suis attiré par tout ce qui est fragmentaire, elliptique. Dans le hors champ. Il ne faut jamais tout raconter, ne surtout pas tomber dans les pièges de l’explication. Je me méfie énormément des mots et des dialogues. J’aime que tout soit sec, direct, frontal. Et j’espère toujours arriver à créer une certaine poésie, une certaine spiritualité. Les vieux films égyptiens que je regardais avec une grande passion à la télévision marocaine dans mon enfance et adolescence, au début des années 80, continuent de m’influencer aujourd’hui encore. » Pour autant, le film n’évite pas certaines maladresses. Si la diction atonale des jeunes interprètes confère au métrage une tonalité bressonienne, elle peut aussi donner l’impression d’une direction d’acteurs hésitante. Et le scénario agace parfois par sa dimension doloriste et manichéenne (le comportement du propriétaire). En dépit de ces réserves, le charme de Cabo Negro est réel. Ne serait-ce que par une touchante séquence de rencontre amicale dans un cimetière, où l’échange des regards révèle le trouble des protagonistes, l’œuvre mérite le détour.
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