Le 16 mai 2025
Le troisième long métrage en tant que réalisatrice de Hafsia Herzi est attachant et confirme la sensibilité de son univers, tout en en étant porté par une jeune actrice prometteuse.


- Réalisateur : Hafsia Herzi
- Acteurs : Nemo Schiffman, Aloïse Sauvage, Mélissa Guers, Claude-Emmanuelle Gajan Maull, Park Min-ji, Mouna Soualem, Louis Memmi, Nadia Melliti
- Genre : Drame, LGBTQIA+, Teen movie
- Nationalité : Français, Allemand
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h46mn
- Date de sortie : 22 octobre 2025
- Festival : Festival de Cannes 2025

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– Festival de Cannes 2025 : Sélection officielle, En compétition
– Festival de Cannes 2025 : Queer Palm, Prix d’interprétation féminine pour Nadia Melliti
Résumé : Fatima, dix-sept ans, est la petite dernière. Elle vit en banlieue avec ses sœurs, dans une famille joyeuse et aimante. Bonne élève, elle intègre une faculté de philosophie à Paris et découvre un tout nouveau monde. Alors que débute sa vie de jeune femme, elle s’émancipe de sa famille et ses traditions. Fatima se met alors à questionner son identité. Comment concilier sa foi avec ses désirs naissants ?
- © Festival de Cannes 2025
Critique : Troisième long métrage coécrit et réalisé par Hafsia Herzi, La petite dernière est l’adaptation du roman éponyme (plus ou moins autobiographique) de l’écrivaine Fatima Daas (éditions Noir sur Blanc, 2020). La trame narrative est fidèle à l’univers de Hafsia Herzi, qui avait déjà décrit avec finesse et acuité les tourments de personnages issus de l’immigration nord-africaine. Dans Tu mérites un amour (Semaine de la Critique, 2019), une jeune femme devait déjà gérer un deuil amoureux, quand Bonne mère (Prix d’ensemble Un Certain Regard 2021) se penchait sur une femme de ménage quinquagénaire veillant sur ses proches dans les quartiers nord de Marseille. D’origine algérienne, Fatima est une lycéenne sans histoires. Ses sœurs et elle ont été éduquées par des parents musulmans bienveillants, qui ne mettent pas de pression excessive sur le fait religieux, et la jeune fille est une élève de terminale plutôt brillante, épanouie par la pratique du foot, et qui se destine à des études de philosophie. Le récit la suit d’ailleurs sur une année entière, avec le passage du lycée à l’université.
- © 2025 June Films, Katuh Studio, Arte France, mk2 Films. Tous droits réservés.
Seuls des ennuis de santé (un asthme qui la poursuit depuis son enfance) altèrent son harmonie personnelle. Quand Fatima réalise qu’elle est attirée par les femmes, elle n’ose pas l’assumer, compte tenu de l’homophobie potentielle de son entourage, mais se lance à l’eau : conseils d’une lesbienne expérimentée, premières rencontres sexuelles, premier amour et… première désillusion. Le portrait de cette adolescente qui se cherche est réellement attachant, et fait écho à Enzo de Robin Campillo, montré cette même année 2025 à la Quinzaine des Cinéastes. Le message de tolérance voulu par la réalisatrice est véhiculé avec finesse, sans les grosses ficelles du film à thèse. Et elle peint avec nuances des personnages situés dans leur contexte socioculturel (l’immam, le jeune voisin amoureux de Fatima, les camarades d’école), évitant avec bonheur les caricatures présentées par les courants extrémistes. Par ailleurs, on appréciera l’influence discrète du cinéma d’Abdellatif Kechiche, qui avait révélé Hafsia Herzi.
- Hafsia Herzi
- © Chloé Carbonel
Les scènes saphiques convoquent ainsi le souvenir de La vie d’Adèle, quand l’extase de la discothèque fera penser à Mektoub My Love : Intermezzo (en moins speed). La petite dernière est donc un film digne et salutaire, mais qui laisse un peu sur sa faim. Présenté en compétition officielle cannoise en présence d’Aurore Bergé, Ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, et de représentantes de diverses associations féministes dont le collectif 50 /50, le long métrage vise à faire évoluer les mentalités dans certains milieux rétrogrades, ce dont nous ne pouvons que nous réjouir. Mais il n’échappe pas toujours au syndrome des « Dossiers de l’écran », le sujet de société semblant l’emporter sur le projet artistique et la mise en scène. Cela limite la portée d’une œuvre qui n’en demeure pas moins agréable, et révèle en outre une jeune actrice, Nadia Melliti, repérée lors d’un casting sauvage, et ex-footballeuse (comme l’héroïne qu’elle incarne) : elle dégage une vraie luminosité.
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