Synthèse des images
Le 14 octobre 2011
De tous les cinéastes du "Nouveau Nouvel Hollywood", David Fincher est peut-être celui qui, en quelques films, a transformé le plus intensément le paysage cinématographique américain, en proposant implicitement une réflexion esthétique sur les supports numériques. Un petit livre se propose de revenir sur cette fulgurance.
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– Date de parution : le 11 octobre 2011
– 96 pages
De tous les cinéastes du Nouvel Nouvel Hollywood, David Fincher est peut-être celui qui, en quelques films, a transformé le plus intensément le paysage cinématographique américain, en proposant implicitement une réflexion esthétique sur les supports numériques. Un petit livre se propose de revenir sur cette fulgurance.
Notes : Jusqu’à Fight club inclus, les cinéphiles considéraient encore David Fincher comme un cinéaste « jeune », au sens péjoratif du terme : d’abord réalisateur de publicités (aïe) et de clips (aïe !), il représentait le touche-à-tout capable de produire des mécaniques bien huilées (Seven) dont le statut culte tenait à un fan-club exalté d’ados rebelles, répétant en boucle les dogmes anar’cool de Tyler Durden (Fight club). A peine dix années plus tard, Fincher est désormais considéré comme un magicien, ou plutôt un démiurge, car la part laissée dans ses films à l’aléatoire, au vivant, au coup de dés qui peut-être aurait pu produire un heureux hasard, se réduit à une minuscule parcelle, elle-même sous contrôle. Tout se passe comme si la maturité était advenue à David Fincher, en trois pas de géant, des cryptogrammes du Zodiac à la tragédie (américano-)grecque de The social network.

- © Warner Bros. France
Que s’est-il passé entre-temps ? Objectivement, un changement technique, qu’on peut pour une fois sans craindre le galvaudé qualifier de décisif pour David Fincher (cinéaste passionné de technique, comme tous les grands cinéastes...) : le fameux passage au numérique, et ses conséquences en termes de conception d’un long-métrage. Le mérite du livre de Guillaume Orignac est de ne pas limiter son étude à ce « passage » stricto sensu : il s’est bien produit pour Fincher un moment de bascule, mais à plus d’un égard, et au sens large, il y a « du » numérique dès Alien 3 et The game. Le numérique, ce n’est donc pas simplement une technologie, mais ce sont également et surtout des effets et des modes d’existence de nos corps, de nos échanges, de nos évolutions dans le monde réel et un monde que nous définissons comme virtuel... L’auteur se propose de décoder cet univers de signes, signes dont nous sommes saturés et dont l’absence dans un monde pré-Steve Jobs, sans réseau ni connexion, nous paraît désormais inconcevable.

- © Sony Pictures Releasing France
Dans son essai, Guillaume Orignac explore une multiplicité de figures formelles et thématiques qui composent le système (le mot n’est ici pas trop fort) de David Fincher. Ses films sont régis par des règles de jeu précises, tout en offrant des échappées vers l’irrationalité de l’état insomniaque (maladie cauchemardesque des environnements urbains) ou la réversibilité du temps. Le fil conducteur de l’analyse s’attache donc à cette « heure numérique » dont Fincher serait à la fois le révélateur (voir The social network, ou la métamorphose du quotidien même par le passage de la communication analogique à la ligne de code), le prophète et l’acteur. De nombreuses intuitions traversent l’ouvrage, dont le propos est diffracté entre plusieurs champs disciplinaires (l’esthétique, la sociologie des médias, la psychanalyse...). On pourra peut-être regretter la brièveté des chapitres, qui relèvent davantage de l’esquisse que d’hypothèses entièrement mises en forme, ainsi que la mise à plat de tous les films de Fincher : si cette démarche se comprend théoriquement (chacun des éléments de sa filmographie nous « instruisant » sur notre réalité numérique), elle manque dans certaines occasions de recul critique. Car si David Fincher a accédé à cet état hybride d’auteur hollywoodien, c’est que son discours cinématographique s’est bien enrichi et approfondi au fil de sa carrière. Reste que, quelques mois avant la sortie en salles de la version américaine de Millénium, ce livre apporte un éclairage pertinent et excitant sur les perspectives qu’ouvre dans ses films le plus perfectionniste des cinéastes américains contemporains.

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