Le 4 juin 2025
Austère et ambitieux, usant de subtiles métaphores sur la guerre et le pardon, ce film confirme la singularité de son auteur, même si d’aucuns resteront extérieurs au dispositif.


- Réalisateur : César Acevedo
- Acteurs : Paulina García, Claudio Cataño, Edgar Durán Jr., Michael Steven Henao
- Genre : Drame, Fantastique
- Nationalité : Français, Allemand, Luxembourgeois, Chilien, Colombien
- Distributeur : Bobine Films
- Durée : 2h05mn
- Date de sortie : 4 juin 2025
- Festival : Toronto International Film Festival

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Résumé : Séparés pendant des années en raison d’un conflit armé, Basilio et sa mère se retrouvent enfin et se mettent en quête du père disparu. Mais tous deux sont désormais morts. Cherchant à expier ses crimes passés, commis à l’époque où il était un criminel de guerre, Basilio va tenter d’obtenir le difficile pardon de ses victimes. Mais aussi celui de sa propre mère…
Critique : César Acevedo avait été révélé à la Semaine de la Critique 2015 avec La terre et l’ombre, qui remporta la Caméra d’or au Festival de Cannes. Ce premier film, l’un des plus forts du cinéma colombien, relatait l’histoire d’un vieux paysan revenant au pays pour renouer des liens avec sa proche famille. Lenteur, contemplation et métaphores étaient quelques-uns de mots caractérisant ce coup d’essai dans le format long, et que l’on pourrait également associer au présent second long métrage, réalisé dix ans plus tard, et présenté dans plusieurs festivals dont Toronto. Coproduit avec le Chili, la France et le Luxembourg, Horizonte est basé sur l’histoire colombienne, à partir de laquelle le cinéaste a élaboré son propre scénario, sans toutefois fixer un cadre temporel et chronologique précis. Du milieu des années 1960 à 2016 (date officielle d’un cessez-le-feu), des conflits armés ont opposé l’État et des groupes paramilitaires dont le FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie). Ces éléments ne sont pas explicitement notifiés, de même que le contexte géopolitique local et international. L’essentiel est moins dans ce matériau que dans les questionnements que pose le réalisateur : peut-on pardonner à son bourreau ? Celui doit-il et peut-il trouver la rédemption ? Comme juger les responsables de crimes du passé ?
- © 2025 Bobine Films. Tous droits réservés.
Pourtant, Horizonte n’emprunte pas non plus les voies du film à thèse mais de la fable, à travers les déambulations d’un ancien tortionnaire et de sa mère, dont on comprend vite qu’ils sont des êtres fantomatiques. Le bourreau va aller à la rencontre de ces anciennes victimes, accompagné de cette figure maternelle qui a sans doute, elle aussi, connu une fin tragique. Le cinéate brouille les frontières entre le réalisme et l’onirisme, entre le présent et le passé, entre le drame individuel et le drame collectif, au cours d’une narration multipliant les symboles, dont tous ne sont pas forcément perceptibles pour le public occidental. Privilégiant une mise en scène dépouillée avec plusieurs plans fixes et travellings (comme lors des retrouvailles entre le fils et la mère, près d’une maison vétuste, au début du récit), Acevedo ne cherche pas à séduire à tout prix et propose une démarche impliquant son public.
- © 2025 Bobine Films. Tous droits réservés.
« Nous avons fait des associations poétiques, en utilisant la logique de la poésie comme une façon d’établir un rapport avec la réalité. Nous devions utiliser le langage cinématographique pour traduire les pensées et les sentiments de nos protagonistes. Arriver à saisir l’intériorité de nos personnages exigeait des éléments nécessairement concrets. Les visages devaient être comme des paysages qui extériorisent leurs passions internes. Nous avons tenté de donner une émotion propre à chaque séquence par l’utilisation de la lumière. Enfin, l’observation de la nature construisait une idée sur le spirituel et le sacré », a ainsi déclaré le cinéaste concernant la collaboration avec son directeur photo Mateo Guzmán. Le résultat est de haut niveau, avec de belles références à la peinture de Goya ou la littérature de Dante. Les cinéphiles retrouveront aussi les émotions ressenties devant Stalker de Tarkovski ou Le regard d’Ulysse d’Angelopoulos. Du coup, la proposition d’Acevedo pourra paraître moins novatrice, d’autant plus que le film n’évite pas toujours les tics et les poses d’un certain cinéma d’auteur contemporain. Cette réserve n’empêche pas de recommander un long métrage ambitieux et doté de réelles qualités d’écriture et de style.
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